CHRISTIAN KLEINE – Real Ghosts
(City Centre Offices / La Baleine)
Nouvelle échappée en solitaire de Christian Kleine hors du cadre rassurant du duo Herrmann und Kleine, Real Ghosts est un disque d’électro à guitares vrombissantes et à géométrie variable. Fruit d’une introspection lentement parvenue à maturation, la collection de morceaux qui nous est proposée a effectivement l’allure sinueuse, et parfois chaotique, d’une errance intérieure sans garde-fous : le morceau "ghostwriting", en équilibre instable entre la douceur des rythmiques et la saturation des guitares, propose à lui seul une sorte de traité esthétique, de guide de bord pour l’auditeur qui se risquerait à la traversée. Certains autres morceaux jouent du même type de contrastes ("home", par exemple), d’autres proposent des constructions ambient un rien abstraites alliant régularité des rythmiques et digressions instrumentales, trituration des sons et nappes synthétiques ("like the clouds, like the sky", "r last", "shifts of wood"). Mise à l’honneur et en évidence, la guitare offre partout l’appui d’une boussole, mais les repères qu’elle désigne semblent bien fragiles. Certes, il y a quelques clins d’œil faits çà et là, et d’une manière autrement moins tapageuse que d’habitude, aux eighties naissantes (une ligne de basse à la New Order, des synthés sépulcraux à la Cure), et c’est – dans le genre – un peu plus intéressant que les derniers Ulrich Schnauss ou M 83. Par ailleurs, il y a certaines compositions assez envoûtantes pour s’accrocher durablement à votre oreille. Mais, le disque a aussi contre lui un côté patchwork bizarre, passant d’une rythmique funk à des percussions traditionnelles, de l’improvisation free à la rigueur métronomique, en rajoutant un peu trop dans les effets et les superpositions de sons. On ne comprend pas toujours où Kleine veut en venir, mais c’est sans doute là son souhait. À réserver de préférence à ceux qui aiment voyager les yeux bandés.
David
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