DON NINO – On The Bright Scale
(Prohibited Records / Chronowax)
Don Nino aka Nicolas Laureau fait partie de ces activistes discrets de la scène française, de ceux qui défendent une certaine idée de l’indépendance. Fondateur du label Prohibited Records (Herman Düne, Prohibition, Mendelson…), chef de fil du nlf3, producteur, Don Nino n’en est pas à son premier fait d’arme.
Il sort son deuxième album solo en forme de recueil susurré et intime. Le folk, collection automne-hiver, fait pour guetter les premiers flocons derrière la fenêtre, y regarder les feuilles mortes tourbillonner, épier la fumée sortir des muqueuses des passants pressés. La musique de Don Nino possède ce confort de l’observateur extérieur au froid et à l’agitation du monde.
Mais si tout semble feutré intérieurement, la brise glaciale frappe aux vitres. Si Don Nino (qui ne cache pas son admiration pour Pascal Comelade) pratique une musique douce avec quelques instruments-jouets, l’insouciance n’est que dans la forme, car, au final, se dégage de ce disque une réelle tristesse et un trouble diffus. L’inquiétude gronde ici en sourdine comme dans "Elephant" de Gus Van Sant (auquel la chanson "Eli Said" fait référence) où la lévitation du filmage cachait une violence latente.
Don Nino travaille ainsi les dissonances, les rythmes syncopés, les distorsions de fond à égalité avec la mélodie. "On The Bright Scale" donne donc lieu à des télescopages étonnant comme ce "A Thousand Lights" qui ressemblerait presque à une comptine religieuse d’Hank Williams si l’ivresse folle de Syd Barrett ne venait pas parasiter le tout. "On The Bright Scale" navigue souvent à mi-chemin entre ligne claire et le folk dérangé héritier de l’ex-Pink Floyd.
Don Nino mobilise toute l’attention de l’auditeur en cultivant cet art du détail sourd. C’est le traitement des percussions qui force, à ce titre, l’admiration. Elles ponctuent l’album, se superposent, agissent souterrainement en multitude de petits frottements et battements organiques ou électroniques. Sur ce lit mouvant naissent et meurent les berceuses inquiètes de Don Nino. Un lit qui n’est pas sans évoquer celui de Bed.
monsieur Morel
A Thousand Lights
On The Bright Scale
Out Of There
Save My Language
Goutte d’Or Experience
Seasons Seeds Seas
Always Like That
Eli Said
Do The Skies
Rendez-vous
She’s Back In Town