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Disques

Scarzello & Lys – La Reine Gore

SCARZELLO & LYS – La Reine Gore
(Editions le Récif) [site] – acheter ce disque

SCARZELLO & LYS - La Reine Gore"Marcher sur les eaux" : un martèlement, tandis que les orgues résonnent, entre péplum et film de la Hammer. "La Reine Gore" débute…

Voici un disque paru il y a déjà trois ans, mais passé odieusement inaperçu à l’époque de sa sortie : la rencontre de Patrick Scarzello et Lys, couple à la ville (de Bordeaux) comme à la scène, pour un disque surréaliste, dans tous les sens du terme. La Reine Gore est l’œuvre de Patrick Scarzello, dandy esthète et multiactiviste de la chose rock et artistique depuis la fin des années 70 (musicien, écrivain, performer, une sorte de Billy Childish français) et de Lys, peintre (au style évoquant l’oeuvre d’Aubrey Beardsley) et chanteuse, égérie d’un univers décalé et délicieux. Cet album est un bric à brac tout à fait jouissif dans lequel s’entrechoquent nombre d’influences fondamentales : le jazz de Saint-Germain, Boris Vian ("Le gai-vivoir"), mêlé au cabaret de Kurt Weill ("L’opéra de quat’ zyeux"), aux comptines, ou encore à la chanson réaliste et gothique ("Pigalle/Pey-Berland", magnifique). Les textes de ces 23 (!) chansons sont référencés et doucement surréalistes, et le tout est fabriqué maison. Cette dimension humaine rend ce disque profondément attachant, chaud. Lys développe un panel de styles vocaux impressionnants : de Marlène Dietrich ou Barbara (créatrice de la bouleversante "Dame Brune"), aux intonations d’Arletty.

Le titre "Aladin" est un hommage au dandy décadent Alain Pacadis et ses vers "Ne laissez pas Alain tout seul / Des fois les Palaces sont des linceuls" se rapprochent de "Ne laissez pas Julien se perdre / là où l’entraînent les sirènes", extrait de "Julien", titre emblématique de Patrick Eudeline (l’ambiance générale des deux morceaux s’inspirant des "Ames mortes" de Gogol et de "Là-bas" de Huysmans, mais c’est une autre histoire, un autre jeu de pistes de références dont les deux dandys ont le secret…). Oui, la filiation est évidente, leurs obsessions (velours, jabots, uptown rythm’n’blues, tournant dans une valse réaliste) se télescopent, (Yves Calvez, bassiste des Coronados, est d’ailleurs présent sur les deux disques) mais là où Eudeline développe le cabaret-blues gothique et le spleen baudelairien, le disque de Scarzello et Lys laisse davantage entrer la lumière, il y aurait comme une issue au bout du tunnel. Le titre "La Reine Gore" est à cet égard particulièrement réjouissant, avec sa rythmique quasi disco et ses paroles très classes. L’ensemble du disque baigne dans une douce lumière, faite de successions de couleurs dont la dominante reste… Le rose poussière.

C’est un disque plein d’aventures, tout en bidouilles lo-fi et accumulations de styles pour un résultat essentiel : une œuvre sincère, honnête et vivante. Oui. Savourons donc cette "Reine Gore", sans aucune modération. En attendant le nouvel album , "De bon matin en robe du soir", décrit par le duo comme "des ballades sombres et Rock’n’Roll", dont la sortie est prévue à l’automne. Ne passez pas à côté, cette fois. Et surtout, faites de leur cri votre devise : "Halte au confort !"

Frédéric Antona

Marcher sur les eaux
Les phalènes
Aladin
Anges de Glaise
Pigalle/Pey-Berland
La petite bête abandonnée
Les Sélénites
Le soir au fond des bois
Quand la Balance…
Sorcière !
Un petit trot de hyène
Le chaînon manqué
Le do à Dany
L’opéra de quat’zyeux
Virus Killer
Les Virtuels
Le gai-vivoir
La Vénus en Liège
La poupée mais
La mort de mon chien
La Reine Gore
Le hoquet
Avec tes grandes dents

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