ANDRÉ HERMAN DÜNE – Sings Dido
(Autoproduction)
Il vous faudra un peu de ténacité pour vous procurer l’un des nombreux albums auto-produits d’André Herman Düne. Soit vous le trouvez sur un stand en fin de concert du groupe, soit vous allez consulter le site du bonhomme : celui-ci vous conseille, sans rire, de lui envoyer un mail pour obtenir une adresse postale sur la route de sa (dylannienne) tournée où envoyer du cash emballé dans du papier alu pour contrer les rayons X (sic). Quand, en plus, on se rend compte que celui-ci est réellement constitué de reprises de la multi-platinée Dido, on a, évidemment, quelque réticence. Non que les chansons de Dido soient insupportables, mais il faut bien être un peu snob et reconnaître que la Londonienne est un exemple par trop banal de la production léchée à laquelle la FM nous a habitués depuis des lustres, et que l’on se fait un plaisir de fuir avec sagacité.
Une fois passé les épreuves administratives et psychologiques, donc, s’évanouissent assez vite les pires craintes de voir le barbu nous servir la soupe (populaire) : l’album, intimiste et rugueux, renvoie d’abord au folk pratiqué par les frères Düne, en plus dépouillé encore – ni la guitare ni la voix ne s’embarrassent d’électricité ou d’effets. La recette ne change pas, mais elle est toujours renversante de fragilité et d’émotion – dans la clique folk actuelle, les frères Düne restent, à mon humble avis, parmi les plus prolifiques et constants.
La particularité de cet album tient plus du rapport que l’on entretient avec les titres originaux, forcément entendus au détour d’un supermarché ou coincé avec son patron dans l’ascenseur. Surprenant : sur onze titres j’en reconnais immédiatement cinq qui me semblent très familiers (alors que je fuis les supermarchés et mon patron, et que le nom de Dido m’évoque plus Purcell qu’autre chose). Ce qui est fascinant ici, c’est de se rendre compte à quel point l’âpreté de l’interprétation les révèle à ce qu’elles devraient être : de belles chansons confidentielles et mélancoliques, aux paroles simples et réconfortantes, que l’on rêverait voir jouées sur une lande brumeuse ou au coin du feu. Les "Thank You" et autres "White Flag" changent ainsi soudain de catégorie, et ce que l’on aurait pu prendre pour un déroutant second degré, ne s’avère être qu’un dépouillement révélateur.
David Dufeu
Here With Me
Mary’s In India
Don’t Think Of Me
Isobel
Life For Rent
Thank You
Sand In My Shoes
Hunter
All You Want
White Flag
See The Sun