PAUL MCCARTNEY – Chaos And Creation In The Backyard
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Qu’est-ce qui peut bien pousser un webzine consacré principalement au rock indépendant à chroniquer le vingtième album solo de Paul McCartney ? Le masochisme, les critiques dithyrambiques des médias ou un sentiment de dette incurable ? Sans doute un peu des trois. Sir James Paul McCartney va bien et vous remercie. Le sémillant sexagénaire affiche une mine superbe, une santé du fer que lui envierait presque Pete Doherty et un cœur de jeune homme ragaillardi par l’amour d’Heather Mills, sa seconde épouse. Sa nouvelle tournée mondiale "Rock with US" a débuté en septembre et son nouvel album se vend comme des petits pains. Pour la troisième fois de sa longue carrière, Macca a enregistré seul en jouant de tous les instruments. Il a accepté aussi de se laisser diriger par le producteur Nigel Godrich (Radiohead) comme s’il était un humble débutant, n’hésitant pas à revoir sa copie quand ce dernier la trouvait un peu faiblarde. Le résultat, sans surprise, nous offre un condensé du savoir-faire de Paulo entre rock old-school, ballades sucrées et pop-song mid-tempo. Rien de révolutionnaire donc, mais du très bon travail d’orfèvre si l’on se borne à écouter les futurs classiques que sont "Jenny Wren", "English Tea", "Friends to Go". Pour être tout à fait juste, il faudrait rendre hommage à la production dépouillée qui sert plutôt bien les mélodies limpides du musicien sans excès indigeste. Sur ce disque, l’artiste a les mains libres et l’humeur légère. Il s’en dégage une sorte de sérénité à mille miles des douleurs du 11 Septembre et du veuvage qui imprégnaient son précédent opus, "Driving Rain". Bien sûr, il y a quelques chansons dispensables et pas mal de déjà-vu, mais il y a aussi des mélodies moins évidentes qui laissent planer des ombres ("A Certain Softness", "Riding To Vanity Fair"). Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins qu’avec cet album qui se déguste à l’heure du thé, Macca nous fait presque oublier qu’il appartient à l’ère du Jurassic Rock comme les Stones, eux aussi en tournée, ou Cream, dont le DVD récemment sorti, marque la réunion historique de Jack Bruce, Ginger Baker et Eric Clapton. Notre vrai-faux débutant mérite qu’on lui fasse une petite révérence avec cette chronique en forme de fausse-vraie éloge. De toute façon, les fans adoreront ce disque et iront bien sûr se ruer sur l’expo de la Cité de la Musique consacrée à son légendaire binôme qui, de là où il est, doit observer tout ça d’un œil goguenard.
Luc Taramini
Fine Line
How Kind Of You
Jenny Wren
At the Mercy
Friends To Go
English Tea
Too Much Rain
A Certain Softness
Riding To Vanity Fair
Follow Me
Promise to You Girl
This Never Happened Before
Anyway