NEIL YOUNG – Prairie Wind
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Inutile de vous le cacher, je guette tout disque de Neil Young avec une patience de chasseur aux aguets. Quel artiste en effet a su connaître un succès immense dans les années 70, négocier le virage punk en pole position, s’acoquiner avec les producteurs de Kraftwerk avant tout le monde et devenir LA référence du mouvement grunge ? Non, franchement, tant par la longévité que par la qualité et l’audace de ses albums, aucun musicien ne peut rivaliser avec le Canadien ! Je le concède, ses derniers albums ("Silver & Gold", "Are you passionnate ?" et l’ambitieux "Greendale") étaient peut-être un peu trop sages mais j’attendais impatiemment sa dernière livraison.
La rumeur annonce d’ailleurs que Young aurait obtenu de pouvoir rééditer ses fonds de tiroir en échange d’un album de type "Harvest", bref d’un album qui se vend bien. On a un peu de mal à imaginer le Loner plier devant pareil chantage, lui qui a quasiment sabordé sa carrière dans les années 80 à coups de rockabilly et d’albums synthétiques, mais le fait est que l’on a ici à faire à un album de Neil Young plutôt mainstream. Celui-ci est composé d’une bonne majorité de morceaux de facture plutôt classique (de "The Painter" à "He was a King"), piochant un peu dans tous les genres empruntés par le guitariste, de la ballade mélancolique au folk-blues et ponctué de rappels mélodiques ou thématiques à ses chansons passées. Sans révolutionner le genre, ces morceaux accompagnés à la guitare acoustique ainsi qu’à la pedal steel guitar et à l’orgue (par les vieux amis déjà présents à l’époque de "Harvest" et/ou de "Harvest Moon") font plutôt plaisir à entendre ; on pourra juste regretter des choeurs féminins un peu fatigants sur quelques morceaux (compensés ceci dit par la présence d’Emmylou Harris) et peut-être une ou deux longueurs. Sinon, il y a ces deux morceaux qui nous rappellent que Neil Young est vraiment un mélodiste hors pair : le magistral "No Wonder", petite symphonie mêlant à la trame acoustique une pointe d’électricité et une chorale rappelant les prouesses vocales des compères Crosby, Stills et Nash – un frisson passe. Et pour conclure l’album, "When God Made me", mélodie simple à la "After the Gold rush" et voix portée par la chorale gospel – là on s’envole carrément. Quelques bien beaux morceaux en attendant que Neil Young vienne nous rappeler que le "rock’n’roll ne mourra jamais".
Christophe
PS : je ne conseillerais la version DVD (tournage sobre des sessions studios de l’album par Young himself – sous son pseudonyme de réalisateur "Bernard Shakey") qu’aux inconditionnels mais il est à noter que celle-ci contient une discographie assez exhaustive des protagonistes et – moment de grâce – montre le plaisir des chanteurs de la "Fisk University Jubilee Choir" sur "When God Made me".
The Painter
No Wonder
Falling Off The Face Of The Earth
Far From Home
It’s A Dream
Prairie Wind
Here For You
This Old Guitar
He Was The King
When God Made Me