PUMUCKL – Sommeil Léger
(Autoproduction)
Tic-tac, tic-tac, l’œil-horloge que représente la pochette de ce mini-album de Pumuckl semble égrener les heures de veille passées à composer ses six morceaux ; oscillant habilement entre rêve éveillé, cauchemar glacé (mais passionnant) et songe léger, son auteur va donner du fil à retordre aux disciples de Freud… mais de bien belle manière ! Avec Pumuckl, on est plus dans le domaine des textures que dans celui des simples chansons : aux guitares cristallines et aux synthés échappés des années 80 s’ajoutent tour à tour des voix enrobées d’écho et des rythmiques électro où un DJ Shadow semble tout juste échapper à une dépression.
L’album commence avec le très élégant "Sommeil léger", parfaite introduction à cet univers avec ses arpèges légers, sa rythmique pêchue qui vient prendre le relais et ses synthés inventifs et vénéneux. En seconde position, la reprise du "It Doesn’t Matter 2" de Depeche Mode pousse un peu le côté électronique : pas mal, mais je pense que les morceaux originaux sont au moins aussi bons. En effet, "Confiance" et "Insomnie" – titres en français pour des morceaux en anglais – vont prendre leur temps, s’étirer, jouer avec les voix comme avec un pendule et faire monter une pression étouffante un peu à la manière de Sigur Rós jusqu’à transformer de simples comptines en inquiétantes symphonies. A peine plus pop, "Remords" continue sur cette lignée : dès le début, un court extrait de "Mulholland Drive" donne le ton et nous plonge dans un univers que Lynch ne saurait renier (les "J’aurais pas dû" ponctuant le morceau sont réellement envoûtants et on se laisse gagner par un frisson dont on aurait peine à dire s’il est de bonheur ou de peur). Pumuckl termine son album avec une petite berceuse – chanson moins sombre, aux thèmes répétitifs, qui permet à l’auditeur de quitter en douceur cette demi-heure de sommeil paradoxal.
De bout en bout, Pumuckl suit donc son fil d’Ariane dans le dédale du sommeil, des belles heures de la cold wave aux mélodies et inventions de Radiohead ou Portishead, et comme ce périple est tout sauf ennuyeux, on se laisse bien volontiers emmener par ce marchand de sable tour à tour enjôleur et inquiétant et par son univers hypnotique. Hypnotique et addictif.
Christophe
Sommeil léger
It Doesn’t Matter 2
Confiance
Insomnie
Remords
Une Berceuse pour soi…