CHRISTIAN KJELLVANDER – Faya
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Attention, cet homme a tout pour lui : un physique dont Brad Pitt pourrait être jaloux, une voix à faire pâlir Stuart Staple, un romantisme échevelé et un talent de songwriter indéniable ! Et après un premier album déjà remarquable, "Song from a two-room chapel" paru en 2004 en France, le voici de retour avec "Faya" – collection de morceaux qui naviguent entre la plus pure tradition country américaine, un folk épuré et un rock indépendant qui ajoute un peu d’acidité et de piment à ce cocktail savoureux. Américain ? Et bien non, perdu : bien qu’ayant passé une bonne partie de sa vie aux Etats-Unis, ce jeune homme est Suédois (et, à ce titre, fait l’ouverture de la compilation "Cowboys in Scandinavia"). Mais peu importe évidemment, la musique des grands espaces semble bien supporter le décalage horaire Nashville-Stockholm et Kjellvander s’est même débarrassé de (presque) tous les réflexes "new country" (l’équivalent américain de notre variétoche) de son album précédent – seuls bémols que l’on pouvait y trouver. Dès la première chanson "Reverse Traverse Blues", introduite par un court instrumental, le ton est donné : les guitares flamboient, un orgue soutient avec chaleur la mélodie et la voix caverneuse du Suédois s’envole sur de beaux textes de voyages et d’errances. Le chanteur alterne chansons folk ("Juanita", "Foreign Rain") et/ou country ("Chose the City", digne de figurer dans les charts de Nashville) mais en y incorporant toujours ce petit grain de sel un peu rock : guitares héroïques, cordes audacieuses, une basse appuyée sur "Drag the Dirt In" où les guitares s’amusent à imiter des cornemuses… Sur "Drunken Hands", Kjellvander sort même l’artillerie lourde : les guitares électriques s’invitent crescendo dans ce morceau résolument rock. Ce mélange onctueux n’est d’ailleurs pas sans rappeler les Walkabouts – époque "Devil’s Road" – et lorsque, sur le grandiose "Roaring 40’s", arrive la voix de Nina Persson, j’ai pu croire l’espace de quelques secondes entendre la voix de Carla Torgerson (amusant d’ailleurs ce patronyme nordique…) ; les intonations acidulées de la chanteuse des Cardigans reprennent vite le dessus et le quiproquo s’estompe, me laissant un peu penaud… Penaud, mais somme toute heureux de découvrir de si charmants fantômes aux détours de cet album si richement paré, à l’image de cette ancienne école dans laquelle l’album a été enregistré.
Christophe Dufeu
As it were
Reverse Traverse Blues
Drunken Hands
Juanita
Chose the City
Drag the Dirt In
Dreadful (isn’t it)
Foreign Rain
Silver & Blue Line
Roaring 40’s
Union Lake