SUFJAN STEVENS – The Avalanche : Outtakes And Extras From The Illinois Album
(Asthmatic Kitty / PIAS) – acheter ce disque
Le nom de l’album est bien choisi : avalanche de mots dans les titres des chansons, avalanche de chansons dans les disques et, si l’engagement d’une illustration musicale pour chaque Etat américain est tenu, une avalanche d’albums de Sufjan Stevens nous attend d’ici (au plus tôt) 2054. Rares sont les musiciens qui donnent à leurs auditeurs une telle sensation de satiété – écouter d’une traite "Michigan" ou "Illinois" est une expérience assez proche d’une razzia dans un buffet du Club Med : on en sort repu et la respiration courte.
"The Avalanche" ne fait pas exception à la règle et on n’en attendait pas moins de cet assortiment d’outtakes des sessions d’"Illinois", compilées sans honte (c’est la pochette qui le dit) par Sufjan Stevens. Stylistiquement, c’est la même tambouille que sur son grand frère, l’effet de surprise en moins : on y retrouve le banjo lacrymal, les chœurs en cascade, la voix de gendre idéal, les arrangements en forme de pièce montée, les saints patrons (Brian, Neil, etc.) qui veillent sur le petit et cette curieuse impression d’arriver à l’église pendant une répétition de la chorale locale. Sufjan Stevens joue la musique qui serait interprétée au paradis si ce machin existait – fervente, mélodiquement caressante mais aussi mièvre et gnangnan que l’idée qu’on peut se faire de l’éternelle béatitude.
Ces chansons n’ont pas passé le cap de la parution sur "Illinois" mais certaines n’auraient pas dépareillé : écoutez par exemple "Mc Clure" (j’abrège les titres à dessein), belle variante, sûrement jugée trop ressemblante, de "Casimir Pulaski", "Saul Bellow" ou "Springfield". De manière générale, le niveau de songwriting atteint ici va du franchement honnête au carrément époustouflant, dans un registre dont la candeur (calculée ?) peut faire sourire mais qui n’a aujourd’hui que peu d’équivalents (Sufjan n’invente rien mais son recyclage est parfait). Et les amateurs de work in progress seront ravis de disposer de trois versions alternatives de "Chicago" dont une "adult contemporary easy-listening version" tellement réussie qu’on croit distinguer en fond sonore les tintements de glaçons dans les verres et des frôlements de jambes gainées de soie – le cocktail étant suivi d’un buffet où vous pourrez vous contenter de picorer.
Jean-Christophe Mauger
Avalanche
Dear Mr Supercomputer
Adlai Stevenson
The Vivian Girls are Visited in the Night by Saint Dargarius and his Squadron of Benevolent Butterflies
Chicago (Acoustic Version)
The Henney Buggy Band
Saul Bellow
Carlyle Lake
Springfield, or Bobby Got a Shadfly Caught in his Hair
The Mistress Witch from McClure (or, the Mind that Knows Itself)
Kaskaskia River
Chicago (Adult Contemporary Easy Listening Version)
Inaugural Pop Music for Jane Margaret Byrne
No Man’s land
The Palm Sunday Tornado Hits Crystal Lake
The Pick-up
The Perpetual Self, or "What Would Saul Alinski do?"
For Clyde Tombaugh
Chicago (Multiple Personnality Disorder Version)
Pittsfield
The Undivided Self (for Eppie and Popo)