LISA GERMANO – In The Maybe World
(Young God Records / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
En signant la renaissante Lisa Germano sur Young God Records (Devendra Banhart, Calla, Angels Of Light, Akron/Family, Mi & L’au…), Michael Gira a doté son domicile d’une inestimable vestale.
Lisa Germano, petit bout de femme solitaire à la carrière sinueuse, a embrassé très jeune la pratique instrumentale, poussée par un environnement familial tout dédié à la musique. Son violon d’Ingres, c’est le fiddle, cher à la culture folk irlandaise et trop crispant pour les oreilles du classique. Elle mettra néanmoins trente années à trouver sa véritable voie, à savoir un songwriting résolument lo-fi à l’opposé des méandres du music business dans lesquelles elle se perdait alors. Une salvatrice bifurcation qui l’emmènera un peu plus tard chez 4AD (qui hébergeait à l’époque Kristin Hersh, The Breeders, Franck Black, Lush ou Dead Can Dance). Lisa est contrainte après une tétralogie inoubliable ("Happiness", "Geek the Girl", "Excerpts from a Love Circus", "Slide") de faire fasse aux réalité économiques de sa fragile carrière : un retour à l’obscurité de 5 années la fait complètement disparaître du circuit musical.
On croyait alors perdu aux oubliettes son folk soyeux, évaporée sa voix venteuse, fondues ses compositions douces-amères… mais, après "Lullaby for Liquid Pig" en 2003, la voici qui renaît aujourd’hui avec le salvateur "In The Maybe World".
Sur cet album très bucolique voire pastoral, Lisa Germano y cultive un univers enfantin, à la lisière d’un conte de Grimm : féérique et tourmenté. Aux pensées automnales des textes, s’ajoutent ses peurs de l’inconnu ("In the Maybe World") et une douce fascination pour l’au-delà… Une violence contenue finalement plus dans les mots que dans la douceur de son grain de voix ou dans ses sussurements.
Les mélodies concoctées sur cet album sont construites comme des comptines, soutenues par une instrumentation à la fois feutrée et dépouillée. Si le son mixé façon Young God records s’acclimate aussi bien au chant de Lisa, c’est parce qu’elle a aussi su s’entourer de très bon musiciens : la ponctuation rythmique de Joey Waronker (membre de Spain), la contrebasse soyeuse de Sebastian Steinberg (Soul Coughing), le songwriter fidèle Craig Ross (il avait déjà participé à l’album "Geek the Girl") ou la guitare de Johnny Marr (The Smiths) sur "Wire".
La classique formule guitare-voix ou piano-voix, choisie par de nombreuses naïades (comme Cat Power, Shannon Wright, Regina Spektor, Sarah Slean…), demeure le terreau fertile des compositions de Lisa ; et qu’il est délicieux de sentir ses poils se hérisser d’émotion sur "Golden City" ou sur le fragile "in the Land of Fairies".
Simple mais pas simpliste, homogène, équilibré (dans sa construction), cet album regorge de magnifiques compositions et saura ravir tout mélomane en manque de vibrantes émotions.
Jiess
The Day
Too Much Space
Moon In Hell
Golden Cities
Into Oblivion
In The Land Of Fairies
Wire
In The Maybe World
Red Thread
Seed
Except For The Ghosts
After Monday