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Disques

Trentemøller – The Last Resort

TRENTEMØLLER – The Last Resort
(Poker Flat Recordings / La Baleine) – acheter ce disque

TRENTEMØLLER - The Last ResortDécouvert dans les derniers jours de 2006, ce disque mérite amplement d’être écouté, de longs mois durant, l’année suivante. Premier album d’Anders Trentemøller, Danois connu pour des morceaux technos percutants et une carrière de remixeur enviable (Moby, Pet Shop Boys, Robbie Williams, Röyksopp), "The Last Resort", disque long en bouche (on dépasse sans encombre et sans ennui les 75 minutes de musique), apparaît comme la synthèse de nombreuses tendances de la musique électronique, fusionnées ici avec précision et élégance. Techno ambient, gimmicks funky à la Daft Punk, dub sinueux, basses eighties ou guitares psyché, boucles et samples sont pris dans une toile musicale qui, de morceau en morceau, s’étend, toujours plus délicate et sombre. Plusieurs morceaux ont presque valeur de manifeste : on pourrait citer la techno aérienne du morceau d’introduction qui joue sur le crescendo, le grondement d’une basse volée à Peter Hook, et progresse lentement vers la déflagration, puis breake, déjoue sa propre linéarité en créant des à-plats bienvenus, bulles d’apesanteur versatiles qui, de bleeps froids en slide-guitar, emmènent le morceau ailleurs avant de le recaler dans son orbite : un big beat fantôme. Ou mieux encore, le premier single ("Always Something Better") qui étale d’emblée toutes ses cartes (percussions mélodiques, basses profondes, rougeoiement lointain des guitares) pour leur faire jouer des variations successives : dub-house languide, lutte entre la fluidité de la mélodie et la déconstruction rythmique (école Plaid), techno acide, ambient mélancolique, etc. De manière générale, ces morceaux les plus longs (voir aussi "Snowflake" et "Into the Trees") font preuve d’un sens de la construction assez admirable. Mais les autres morceaux donnent une égale occasion de mesurer la variété des talents de Trentemøller : samples acoustiques raffinés (ces cordes !), souplesse rythmique et vibration mélodique, jeu distancié avec la mémoire musicale (Daft Punk, le Massive Attack le plus dub, Warp, le premier Röyksopp, que de bons disques sont évoqués de loin, en passant, dans une féerie un peu floue, contaminée par le spleen). Voilà sans doute ce qui intrigue le plus au sujet de ce premier opus d’un musicien confirmé : où aller quand on livre d’emblée ce qui ressemble à une somme, un manifeste, un geste aussi décisif que définitif ?

David Larre

Take Me Into Your Skin
Vamp
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