TEMPLO DIEZ – Winterset
(My First Sonny Weissmuller Recordings / Konkurrent) [site]
Chroniquer le nouveau Templo Diez à deux heures du matin est une expérience enrichissante. Tous les bruits extérieurs se sont tus, et la musique qui tourne dans le casque transmet une drôle d’impression à mon état de conscience déjà modifié par la fatigue, la nuit et les rares bruits qui viennent de la rue.
Nous voilà repartis dans des univers désolés et des voix sombres. Templo Diez, groupe international (car regroupant en son sein un Italien, deux Néerlandais et un Français) nous livre son premier disque depuis plus de trois ans. Entre-temps, le groupe se fit la main sur de nombreuses scènes outre-Atlantique, tournant notamment quatre fois en Amérique du Nord. Pour son nouvel opus, et après le gros succès critique de son premier album, "Hoboken", sorti en 2003, Templo Diez poursuit l’exploration de contrées acoustiques et de dissonances étranges. On retrouve ainsi avec plaisir la tendance du groupe à pratiquer une musique basée davantage sur des ambiances, des environnements sonores, que sur des compositions clairement encadrées. Entre un instrumental embrumé ("[Sonora 6am]") et une mini-odyssée post-rock ("Sparkle"), Templo Diez transporte l’auditeur vers un univers en clair-obscur, comme celui d’une vie comateuse éclairée par quelques brefs instants de lucidité. Très peu de rythmes soutenus, mais des alternances de pièces dépressives et pleines de résignation. "No Matter What", morceau électro-acoustique, qui évoque les petites comptines chères aux Eels. "Calavera#2", avec son piano solennel et son sitar lointain, part soudain dans de sidérantes distorsions, le tout soutenu par une batterie qui s’élève enfin. Mais la tendance générale de l’album reste embrumée et remplie d’atmosphères léthargiques.
Je regrette néanmoins de ne pas trouver davantage de morceaux à l’image de "Sal", qui débute comme une lente chute dans les limbes, pour soudain s’élever au son d’une ravissante voix féminine, permettant ainsi au morceau (et à l’auditeur) de trancher le voile sombre qui entoure l’ensemble de ce disque. Ces ambiances lumineuses permettent de me libérer de ce sentiment de claustrophobie qui m’étreint à l’écoute de "What a Girl Gotta Do". Voilà un disque très réussi, mais à ne pas mettre entre toutes les mains.
Frédéric Antona
[Wildorado]
Sparkle
No Matter What
Cavalera#2
[Southbound]
Sal
View From the Tea House
Halogene
[Westbound]
1854
Barrow
What a Girl Gotta Do
Left Bank
[ Sonora 6am]