HANDSOME FURS – Plague Park
(Sub Pop / PIAS) [site] – acheter ce disque
Sur la pochette de « Plague Park », on voit des éléments de squelette se mélanger à des plans de maison, à une oreille et à plein d’autres choses moins identifiables. Ce dessin bizarroïde résume parfaitement le disque : bienvenue dans l’univers des Handsome Furs, qui s’imposent comme les nouveaux savants fous electro-pop maîtres ès mutations musicales.
Derrière ces « jolies fourrures » se cachent les canadiens Dan Broeckner (échappé de Wolf Parade) et Alexei Perry, sa compagne. Et attention, ils sont plutôt de mauvais poil. Le duo donne en effet dans le minimaliste sombre : guitares hirsutes tout en arpège, synthés antiques enragés, l’écume à la gueule, batteries électroniques retournées à l’état sauvage et chant mélancolique.
Les morceaux, plutôt bruts, sont ainsi livrés sans apprêts. On pouvait craindre de se retrouver plongé dans une petite boutique des horreurs glauque et stérile. Il n’en est rien. A l’écoute du disque, une certaine magie opère même : les Handsome Furs ne donnent pas l’impression de jouer confinés dans un laboratoire. Il y a un coeur qui bat dans « Plague Park » (comme dans la créature de Frankenstein qui pleure en écoutant un aveugle jouer du violon), qui permet au monstre non seulement de ressentir des émotions, mais aussi de les faire partager.
« What We Had », le morceau d’ouverture, donne le « la » tordu et maladif de l’ensemble : on se croirait dans un western spaghetti post-apocalyptique. Cette ambiance country-folk poisseuse imprégnera tout le disque, depuis les arabesques synthétiques fascinantes du très réussi « Handsome Furs Hate This City » jusqu’à la ballade finale « In the Radio’s Hot Sun », particulièrement dépouillée. Entre temps, on aura parcouru avec plaisir et curiosité les espaces désolés que « Plague Park » déroule devant nos oreilles, notamment le contemplatif « Snakes on the Ladder » ou l’étrange « Can Not Get Started », qui sonne comme du Arcade Fire de science-fiction.
« Plague Park » est un disque singulier, qui ne devrait pas ravir seulement les amateurs de curiosités.