iLiKETRAiNS – Elegies To Lessons Learnt
(Beggars Banquet) [site] – acheter ce disque
iLiKETRAiNS, groupe originaire de Leeds, incarne, depuis ses premiers EPs, une sorte de renouveau orchestral de la cold-wave la plus sombre : L’habituelle batterie martiale, le chant sépulcral, les déflagrations de guitare, sont accompagnés de cuivres amples, de chœurs, de nuances mélodiques, d’à-plats subitement doux qui les font échapper aux clichés du genre. Et puis le groupe, très puissant sur scène, présente bien avec ses surplis de la Société des Chemins de Fer Britanniques et son jeu à la fois carré et expressif. Le premier album du groupe redistribue les mêmes cartes, avec une ambition supplémentaire : dresser une sorte de cartographie mentale de l’Angleterre d’aujourd’hui à travers certains épisodes de son histoire, ravages de la peste bubonique à Eyam au XVIIe siècle, grand incendie de Londres (1666), déroute de l’armée anglaise contre les forces afghanes au XIXe, etc. Un certain sens de l’histoire mêlé à pas mal d’humour noir (face au désastre de l’incendie : "et cette fois, les Français ne sont pas coupables…"), voilà qui ne correspond pas au tout venant de la production musicale. Les textes explorent par ailleurs les biographies de personnages venus de tous horizons (William Parris, impliqué dans l’affaire des Sorcières de Salem, un représentant du Labour, un Allemand de l’est né en 1942, un globe-trotter) confrontés aux tragédies plus ou moins ordinaires de l’existence : suicide d’un parent, maladie, guerre, folie, la liste est à peu près complète. Avec une telle ambition, il faut de sacrés arguments musicaux pour être à la hauteur. Et, il faut bien le reconnaître, le groupe impressionne pas mal dans ce domaine : art de la montée en puissance diffractée ("We All Fall Down"), construction ("The Deception"), introduction captivante (le chant murmuré de "Death of an Idealist" rompant le tempo martial des échos de cymbales et des tambours), lenteur élégiaque ("Come Over"), la musique a pour elle des ressources nombreuses. Cela n’évite pas toujours les retombées plates ou quelconques (les morceaux 4, 6 et 7 forment un curieux "centre mou" du disque), et cela ne convaincra certainement pas les allergiques au genre. Mais il faut bien avouer que cela a vraiment du panache.
David Larre
We All Fall Down
Twenty Five Sins
The Deception
The Voice of Reason
Death of an Idealist
Remnants of an Army
We Go Hunting
Come Over
Spencer Perceval
Epiphany
Death is the End