OXBOW – The Narcotic Story
(Hydrahead / PIAS) [site] – acheter ce disque
Originaires du nouveau pays d’Arnold Schwarzenegger, le quartet underground Oxbow fait souvent sourire le néophyte fan de surf en mal de blague : Oxbow, comme un point de rupture à la vague à l’âme de Patrick Swayze ?
Formé en 1987 dans la Golden State de San Francisco, la bande à Eugene (de son nom Robinson) formule un rock d’avant-garde sombre qui reluque étrangement du coté du cabaret allemand et des imageries cinématographique inquiétantes d’un road movie lynchien. Discographie clairsemée et plutôt globe trotter – 5 labels différents en 6 albums -, Oxbow est consécutivement passé par moulinette de la production de Steve Albini, puis a été accueilli par les vétérans Neurosis pour leur sortie d’hibernation en 2002 avant de trouver asile sur label Hydrahead du groupe Isis pour ce dernier opus.
Eugene Robinson, ancien footballeur américain à la carrure somme toute impressionnante, joue de son corps comme d’un instrument. Véritable Marcellus Wallace de la scène rock, performeur provocant, il est aussi reconnu comme l’un des beugleurs les plus bizarres de la scène underground US. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’organe vocal d’Eugene a su par le passé trouver un contrepoint parfait dans le timbre inimitable de Marianne Faithfull (sur l’album "Serenade in Red" en 1997) : enjouée, elle aurait sauté dans le premier avion en partance pour la Californie afin d’enregistrer cette collaboration désormais mythique.
Quelques mois après, Eugene Robinson tentera l’aventure européenne d’une carrière solo en s’installant à Berlin, laissant de fait Oxbow en sommeil.
Mais résumer Oxbow à son chanteur, serait aussi réducteur que de résumer le surfeur à son T-shirt fluo. Oxbow est un groupe solidaire, aux compositions léchées, aux instrumentations savantes où se mêlent piano, accordéon, sax free, cordes, samples, guitares larsenées ou sèches, basse fretless aux rondeurs inimitables, rythmiques d’une puissance magistrale où chaque coup à son importance, …
"The Narcotic Story" s’ouvre comme une symphonie malade sur le magma dissonant d’un orchestre de cordes cherchant l’accord le plus imparfait. La musique d’Oxbow est un bouquin d’historiettes sereines comme les planches flottantes de la scène d’un cabaret qui ne vivrait que les soirs d’Halloween. Une musique claudicante, où un trait de jazz brechtien riperait sur un rif gras de guitares empruntées à Jesus Lizard ou Unwound. D’un break, d’un coup de caisse claire, Oxbow défait le canevas pop-folk qu’il crochetait amoureusement pour mieux construire le malaise, faire monter la tension, laisser place à la pure folie.
"The Narcotic Story" se clôture sans la gueule de bois d’une soirée éthérée, avec des chants d’oiseaux, au petit matin… sur la plage déserte.
Jiess
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