ZËRO – Joke Box
(Ici d’ailleurs / Differ-Ant) [site]
Dans une scène française assez déprimante de conformisme, retrouver Eric Aldéa et sa bande, forcément, ça titille un peu.
Il faut dire que c’est un habitué des groupes cultes, qualificatif pourtant hautement galvaudé mais qui ne va pas trop mal à ses deux précédents groupes.
Ça commence avec Deity Guns et son « Trans-lines appointment » produit en 1993 par Lee Ranaldo. Un disque séminal comme on dit, sorte de pierre de rosette d’un rock exigent et frondeur, témoignant que les Frenchies avaient tout compris à la No Wave.
Ensuite exit Deity Guns, place à Bästard qui va donner sa version de ce qu’on appelait à une époque le post rock. L’orchestration est plus riche, les machines et les cordes arrivent pour créer un univers entre tension claustrophobe et cinéma pour l’oreille. L’aventure s’achève au bout de quatre albums avec la sortie du fameux « Radiant, Discharged, Crossed-Off » en 1997. Une œuvre brillante qui n’a pas pris une ride, ce qui est déjà un exploit en soi quand il s’agit de post-rock !!
Après dix ans d’expérimentations et de recherches périlleuses, avec entre autre Narcophony pour une relecture de Nurse With Wound ou de The Residents, place donc à Zëro.
Dès les premières notes de ce « Joke Box » on sent d’emblée le souffle si typique qui faisait de Bästard un groupe unique : ambiance concassée , basse métallique, voix blanche et un son toujours aussi travaillé , précis. A l’écoute du bolide « Big Screen /Flat people » , ou du génial « Derby » on se demande même pourquoi ils ont changé de nom.
Ensuite, avec un « Drag Queen Blues » qui fait penser à du Cramps futuriste, une reprise bien sentie d' »Automodown/Spacegirl Blues » des fameuses démos de Devo, le délicat « Crosby and Garfunkel » on comprend alors pourquoi le groupe a appelé son album « Joke Box ». On sent qu’ils s’amusent avec les styles et les influences histoire de briser une bonne fois pour toute leurs dernières attaches à l’univers de Bästard.
Une fois complément délivrés, espérons qu’ils iront creuser du côté de l’extraordinaire « The desire and the Iimportance of Failing » et son spleen lumineux plutôt que du très pénible « Pride of the Kids ».
Même si cet album manque de cohérence et d’une orientation franche, ces gens là ont trop de vocabulaire et d’idées pour ne pas doter Zëro d’une véritable identité à l’image de ses deux illustres grands frères. En attendant, ils se contentent de nous allécher.
Big Screen / Flat People
Go Stereo
The Desire and the Importance of Failing
Drag Queen Blues
Derby
Luna Park
Crosby and Garfunkel
Pride of the Kids
Automodown / Spacegirl blues
Cars, Buses , etc…