SARAH BETTENS – Shine
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Il est assez paradoxal qu’une artiste belge signe un disque sonnant comme l’archétype d’un disque de radio college US. Tel est pourtant le cas de Sarah Bettens, une vieille connaissance de mon parcours musical. Les premiers disques de K’s Choice sortent au début des nineties, et il fallait être sourd ou vivre dans une cave sans fenêtres ni radio pour ne pas entendre ce hit single qu’était "Not an Addict". Une instrumentation directement héritée de la vague grunge, des Pixies, une alternance entre déchirures électriques et fausse quiétude, un clip avec Miss Bettens et son groupe dans un décor glauque à souhait, l’ensemble contribua à faire de ce titre un hit en 1995. Le groupe continua jusqu’aux débuts des années 2000, semant au passage quelques autres morceaux fort bien calibrés, et révélant un talent certain pour une power pop racée et efficace. Rappelons-nous du très beau "Cocoon Crash", paru en novembre 1997, qui resta pendant longtemps pour moi un album de chevet. Au début de la carrière de Sarah Bettens en solo, j’ai pensé que nous allions avoir l’occasion d’entendre une autre facette de l’artiste, des compositions plus intimistes, plus personnelles. La pochette de l’album, dessinée par un enfant, naïve et touchante, laissait imaginer un disque plus épuré. Il n’en fut rien, ce qui est relativement décevant. Deux ans après le premier album solo, "Scream", ce nouvel album solo n’est pas à proprement parler mauvais, les compositions sont toujours efficaces et vont combler les fans de K’s Choice. La voix de la chanteuse n’a pas bougé, cette légère mélancolie qui m’a tant charmé à l’époque est toujours là. "Rescue Me" est absolument charmante, acoustique et simple, tout comme peut l’être "It’s Allright". Mais elles constituent quasiment des exceptions au sein de l’album. C’est en effet au niveau du son de l’album que le bât blesse : la formule sonore défendue par Sarah Bettens commence quelque peu à dater. La pop-song portée par une rythmique martiale sur fond de guitares saturées, cela fait tout de même quelques années qu’on en entend. Le tout manque parfois franchement de subtilités. A sa décharge, avec Brad Wood, producteur des Smashing Pumpkins et de Placebo, aux manettes, on ne pouvait pas s’attendre non plus à une instrumentation ultra élaborée. "Feel Me Break", à titre d’exemple, aurait pu être écrite il y a quinze ans. L’ensemble de l’album se laisse écouter sans déplaisir, mais ne donne pas non plus l’impression d’un disque effarant d’originalité.
Frédéric Antona
I Can’t Get Out
Shine
Put It Out for Good
Daddy’s Gun
Just Another Day
Feel Me Break
Pave the Way
Rescue Me
Driving Alone
It’s Allright
Coasting Speed
The Soldier’s song