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Blanche – Little Amber Bottles

BLANCHE – Little Amber Bottles
(Loose / PIAS) [site] – acheter ce disque

BLANCHE - Little Amber BottlesAuteur du très remarqué et remarquable "If We Can’t Trust the Doctors", le couple qui mène Blanche, Dan John Miller et Tracee Mae Miller, s’est remis au travail pour donner suite à ce premier disque. Entre les deux, beaucoup de problèmes pour les Miller, d’ordre personnel comme professionnel (perte de proches, label qui coule…). Le climat qui a entouré l’écriture du disque peut faire penser aux événements qui ont précédé "Funeral" d’Arcade Fire.

Sans être vraiment comparables, à l’écoute, c’est une sorte de fluide commun qui semble unir les deux groupes, ce grain de folie maîtrisée, cette grandiloquence jamais chiante, cette ampleur quand tant de groupes restent scotchés au plancher des vaches. Des vaches, en voilà un bon gros cliché country, mais Blanche a su s’en éloigner : le groupe joue de la country que l’on joue en costard, certes passé, froissé, et qui a traîné dans le désert plus qu’il n’aurait fallu, mais une country classe et riche.

Le disque s’ouvre avec "I’m Sure Of It", aux racines country affirmées (banjo, violon) mais qui tend autant vers le rock, tout comme le final de "A Year From Now", qui explore l’apocalypse façon Arcade Fire. Comme il le fait très souvent sur le disque, le couple Miller se partage le chant, lui avec sa voix grave à la Nick Cave et elle avec sa voix mutine. Dans la veine country du groupe, on écoutera aussi "The World I Used To Be Afraid Of", ou "I Can’t Sit Down" (chanson traditionnelle), qui donneront indéniablement du grain à moudre à tous ceux qui pensent que la country, c’est une musique pour les vieux Texans dans un bar enfumé avec des types louches qui jouent au billard.

Mais les époux Miller ont aussi des disques des Stones chez eux, dont l’influence transparaît dans le riff qui ouvre "Last Year Leaves", et surtout dans le rock n’roll "What This Town Needs", scandé par Dan John Miller et chanté avec morgue par Tracee, et porté par un riff crade. Cette passion pour les Stones se manifeste ultimement par la reprise d’un titre des vieux Anglais, "Child Of the Moon", ralentie, superbe chanson de pleine lune. Et dans le genre hurlement de loup sous les étoiles, "No Matter Where You Go" se pose là, avec son banjo déglingué et son piano, ou encore "O Death, Where Is Thy Sting", chant désespéré qui rappelle les conditions de l’enregistrement et les soucis que le couple a traversés.

Le disque se finit sur un dyptique très convaincant, avec "The World’s Largest Crucifix", qui transporte l’auditeur en plein western avec soleil de plomb, errance, désespoir et enfin "Scar Beneath the Skin", qui referme ce disque foisonnant, captivant, avec dobro et formation minimale pour un dernier voyage avec ce groupe qui ne rentre dans aucun moule, qui fait son bout de chemin hors du temps.

Il reste à espérer que Blanche sorte de l’ombre, car ils ont signé avec Little Amber Bottles un disque qui n’est d’aucune époque, loin de toute mode et pourtant immédiat et profond à la fois.

Mickaël Choisi

A lire aussi :
La chronique de What This Town Needs

I’m Sure of It
Last Year Leaves
A Year From Now
No Matter Where You Go…
What This Town Needs
Child of the Moon
Little Amber Bottles
The World I Used To Be Afraid Of
O Death, Where Is Thy Sting ?
I Can’t Sit Down
(Exordium)
The World Largest Crucifix
(Bonus track) Scar Beneath the Skin

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