THE CLIENTELE – God Save The Clientele
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The Clientele est-il le meilleur groupe de pop du monde ? On hésiterait presque à poser la question, qui pourrait faire croire à ceux qui nous lisent peu ou mal que POPnews en est resté à une vision étriquée de ce genre musical (enfin, on ne va pas non plus se rebaptiser REGGAEFRANÇAISnews ou R’N’Bnews). Disons alors que depuis dix ans, le groupe du Hampshire est l’un des derniers à perpétuer une certaine idée de la pop : des chansons accessibles à tous mais fuyant la facilité, instruites mais pas cuistres, dont le classicisme ne rime jamais avec passéisme.
Démonstration éclatante avec leur nouvel album, "God Save The Clientele", tout à fait dans la lignée de ce à quoi les Anglais nous avaient habitués. L’arrivée d’un membre féminin (la charmante multi-instrumentiste Mel Draisey) n’a pas vraiment bouleversé la décoration intérieure, et à part une pedal steel invitée sur quelques morceaux, rien n’indique que le disque a été enregistré à Nasville par Mark Nevers, collaborateur régulier de Lambchop. Le très cultivé Alasdair MacLean et ses acolytes ont d’ailleurs de nouveau fait appel au grand Louis Philippe (déjà au pupitre sur l’album précédent, le spleenétique "Strange Geometry") pour les arrangements de cordes, sur des chansons dont les titres précieux ("From Brighton Beach to Santa Monica", "Winter on Victoria Street") nous ramènent à l’époque bénie du label él Records.
La voix de MacLean, proche de celle de Peter Walsh (The Apartments) quoique plus sereine, effleure des mélodies de rêve sur des tempos plaisamment alanguis. La torpeur vaguement psychédélique de l’ensemble rappelle le troisième Velvet (la guitare de "Brighton Beach" sonne comme un hommage) ou Galaxie 500, mais les arrangements pointilleux et raffinés trahissent aussi et surtout l’amour d’une certaine pop des sixties, des Zombies à Harry Nilsson, dont The Colourfield, les Trashcan Sinatras ou Belle & Sebastian s’étaient déjà montrés de dignes continuateurs. De ces musiciens dont l’industrie n’a généralement que faire, on dit qu’ils sont des artisans. Ceux de The Clientele pourraient carrément être qualifiés d’alchimistes, et, sauvés ou pas, ils n’ont jamais semblé aussi près de trouver la pierre philosophale.
Vincent Arquillière
A lire également, sur The Clientele :
la chronique de « Strange Geometry » (2005)
l’interview (2005)
l’interview (2001)
la chronique de « Suburban Lights » (2001)
Here Comes the Phantom
I Hope I Know You
Isn’t Life Strange?
The Dance of the Hours
From Brighton Beach to Santa Monica
Winter on Victoria Street
The Queen of Seville
These Days Nothing But Sunshine
Somebody Changed
No Dreams Last Night
Carnival on 7th Street
Bookshop Casanova
The Garden at Night
Dreams of Leaving