TAHITI BOY AND THE PALMTREE FAMILY – Good Children Go to Heaven
(Third Side Records / Discograph) [site] – acheter ce disque
Tout mélomane obsessionnel qui se respecte le sait : la pop est souvent affaire de millésime. Ainsi, en 1973, Mick Jagger pleure sa rupture avec Angie, Lou Reed est à Berlin, les Beach Boys en Holland(e), Pink Floyd visite le "Dark Side of the Moon" et Sly and the Family Stone rafraîchissent le funk avec "Fresh". "1973", c’est aussi le titre qui ouvre "Good Children Go to Heaven", le premier album de Tahiti Boy and the Palmtree Family, et qui en annonce donc clairement la couleur : la mélodie printanière, l’omniprésence du piano, les joyeuses cassures de rythme… Le mystérieux Tahiti Boy, à l’évidence, s’est vu pousser des ailes à l’écoute compulsive du légendaire "Band on the Run". S’il s’impose pourtant instantanément, comme McCartney, en génial chef d’orchestre, la Palmtree Family est, quant à elle, loin de se résumer au triste rôle de potiche que le grand Paul avait à l’époque imposé à ses Wings – et pour cause : cachés sous des pseudonymes farfelus, on y croise des membres de Syd Matters, de Tanger et de Poney Poney, sans compter l’apparition surprise de Tunde Adebimpe (TV on the Radio)… Un vrai groupe, donc, capable de passer de l’intimité la plus minimale ("Who Knows ?") à la surexcitation générale ("When I Miss You"), et qui transforme intelligemment ce qui aurait pu n’être qu’un effet de style nostalgique en un disque à la production résolument contemporaine. "Good Children Go to Heaven" s’inscrit ainsi directement dans le prolongement des albums de Grizzly Bear, Midlake, ou encore Major Deluxe : des groupes qui semblent avoir découvert les disques des Beach Boys dans le vacarme tonitruant d’un métro, et qui s’évertueraient depuis à en reconstituer le son hybride. N’empêche, la famille Palmtree n’est jamais aussi efficace que lorsque, réunie au complet autour du piano, elle assume un certain classicisme pop. "You Make Me Blush", mais surtout "When I Speak", avec ses rifs de guitares et ses irrésistibles harmonies vocales, illustrent parfaitement l’hymne familial repris en chorale sur "Time", et qui résume joliment l’album : "Time / is not the reason / to end the season / anymore".
Christophe Patris
1973
When I Speak
That Song
Blood in Your Eyes
Not Only for the Weekend
Sparkle – Demo
Time
You Make Me Blush
When I Miss You
Who Knows ?
Brooklyn
Holiday School Program