SCOTT MATTHEW – Scott Matthew
(Glitterhouse / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Pour qui a remarqué la voix douce et légèrement éraillée de Scott Matthew sur la B.O. de "Shortbus" de John Cameron Mitchell, une sorte d’évidence étrange s’impose : à la fois le timbre du Monsieur semble avoir toujours fait partie du paysage, et la mélancolie qui lui est propre place d’emblée l’auditeur dans un rapport nostalgique à une musique pourtant neuve. Pour le dire en termes plus nets, "Scott Matthew" sonne comme un peu comme le disque acoustique que David Bowie aurait enregistré en secret dans une grande période de dépression post-Ziggy Stardust. Vous ne connaissez pas l’objet, mais vous savez qu’il existe, vous en avez rêvé quelques fois, et quand il finit par être exhumé, vous avez l’impression de le connaître depuis toujours et vous savez enfin à quel point il vous a manqué. Quitte à être un tantinet déçu. Je ne pense pas que la référence à Bowie puisse nuire à Scott Matthew car l’empreinte vocale est ici très belle : même androgynie, même voile trouble posé sur le moindre couplet amoureux, les graves et la puissance – et donc aussi certaines démonstrations de force inutiles – en moins. Par ailleurs, l’habillage sonore est tellement éloigné de l’univers du Thin White Duke qu’il permet de dépasser le mimétisme : piano, accordéon, ukulélé, violoncelle, chœurs féminins, ingrédients d’un certain folk dénudé mélangés avec grâce et pudeur. La musique joue de la discrétion comme d’une vertu esthétique suprême. Peut-être est-ce alors, chaque qualité ayant son revers, le seul défaut que l’on puisse trouver à ce disque. Dans cette courte (35 minutes) collection de chansons, la discrétion peut tendre à uniformiser les atmosphères les plus subtilement mélancoliques.
David Larre
Amputee
Abandoned
Prescription
Ballad Dear
Little Bird
Laziest
Lie
Upside Down
Habit
In the End
Surgery
Market Me to Children