MY HAND IN YOUR FACE
(Rejuvenation Records) [site]
Il y a un an et demi, sur la foi de quelques chansons entendues au détour d’une page myspace, nous n’avions pu résister à la tentation d’interviewer Samuel Balin aka My Hand In Your Face. Nous découvrions alors le cheminement d’un jeune homme né de ce côté-ci de l’Atlantique mais que la rencontre fortuite d’un disque ("Nebraska" de Springsteen) a poussé vers des rivages plus occidentaux. Voyage initiatique qui l’amène naturellement à explorer plus en profondeur tout un continent : Bob Dylan, Neil Young et Woody Guthrie. C’est dans ce sol que les chansons de MHIYF prennent racines.
Voici donc, avec ce premier album, la concrétisation de deux années d’enregistrements cathartiques. On retrouve ce qui nous avait séduits sur les titres entendus précédemment : dépouillement extrême pour des chansons en noir et blanc qu’un soupçon d’harmonica vient égayer, rugueuse tristesse des compositions, lenteur du tempo de morceaux solidement campés sur leur jambes, terriens.
Le timbre grave de Sam Balin le rapproche du Johnny Cash des "American Recordings" ou de Springsteen. La simplicité de ces ballades est touchante notamment lorsqu’elles instillent un désespoir tout en retenue ("Inishowen Blues") ou suggèrent un accablement qui touche au lyrisme ("Wrecked City"). Parfois on pense à une sorte de Uncle Tupelo acoustique et apaisé ("I Ain’t Got No Home"). Chez les contemporains, MHIYF se situerait à proximité de Ben Weaver.
Les histoires ici racontées sont celles de gens simples, sortes de chansons sociales. Le danger serait qu’étant essentiellement destinées à des oreilles francophones, les paroles passent au second plan : vidées de leur impact, elles serviraient uniquement de prétexte à la création d’une douce musique de fond. Sam Balin parvient à éviter ce piège en ne se cantonnant pas à un pur exercice de style : chez MHIYF l’anglais n’est pas le masque d’une déficience des textes.
Sur cette berge de l’Atlantique, le projet peut paraître dérisoire, une goutte d’eau dans l’océan de la musique traditionnelle américaine. Il n’empêche, si vous avez l’occasion de voir MHIYF en concert, vous le constaterez : ce garçon est habité d’une passion sincère qui emporte l’adhésion. Cathartique.
Vinnie Terranova
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