IMMUNE – Not Until Morning
(Eglantine Records) [site]
Amateurs inconditionnels de trémoussements endiablés, ce disque n’est, a priori, pas des plus appropriés, sauf si, sous l’effet de la sagesse qui s’immisce subrepticement avec l’âge, vous aspirez de plus en plus à une certaine tranquillité, auquel cas "Not Until Morning" pourrait bien être le remède immunisant par excellence. De même, si l’insomnie vous tarabuste inlassablement "Until (the) Morning", ce second album des Lyonnais vous ouvrira tout grand la route du pays des rêves. Croyez-moi sur parole, j’en ai moi-même fait l’expérience à plusieurs reprises. Mais qu’il n’y ait pas de malentendu, mon propos n’a rien de péjoratif (d’ailleurs, je n’ai pas dit que j’en avais fait les frais, mais l’expérience), Immune fait partie de ces groupes à la vertu soporifique qui, à travers leur musique, parviennent à plonger l’auditeur au plus profond de lui-même, et c’est franchement très bien, parce que, contrairement à ce que proposent certains Islandais, par exemple, ici, quiétude n’est synonyme ni d’ennui, ni d’affres itératives et lancinantes. Et quand vient l’épilogue, on ne soupire pas de soulagement mais, au contraire, on s’efforce, dans un mouvement demi-comateux, de retrouver le bouton play, en espérant recoller à la pensée dans laquelle on était en train de se perdre. En compagnie d’Immune, on nage en plein coton et c’est follement agréable. A l’image de la pochette, il est indéniable que le paysage que nous dépeint le quatuor est ostensiblement nébuleux mais, en dépit des apparences, je ne parviens pas à classer leur musique au rayon "dépressifs". Leur son est amollissant, certes, mais jamais cafardeux. On est dans l’ambient mais pas seulement ; la formation va beaucoup plus loin et pratique une electo-pop subtile aux lignes mélodiques légères et enivrantes. Il suffit d’écouter le sublime "When We Faint" pour être définitivement séduit. J’ai même retrouvé, dans certains morceaux, un univers proche des Girls In Hawaii ("Hello"). Avec ses huit pépites d’en moyenne six minutes, le groupe installe un microcosme imprégné de mélancolie, au sein duquel règne une atmosphère emplie de grâce et d’harmonie. S’y côtoient, violoncelle, guitares, piano, basse, orgue, percussions aux balais, samples, programmation… et par-dessus tout, il y a cette voix, celle de Gary Soubrier, chaude, vibrante et apaisante, sorte de guide à l’introspection qui vous aidera à vous égarer pour ne finalement que mieux vous retrouver. Amateurs d’aventures intérieures, ce disque est pour vous.
David Vertessen
A lire également, sur Immune :
la chronique de « Sound Inside » (2006)
Lie Awake
Slow Backwards
Wakening of a Former Land
When We Faint
Misplaced
Slightly Upon My Arm
Hello
Recorded home