THIS IS IVY LEAGUE – S/t
(Twentyseven Records) [site]
Les duos pop-folk masculins constituent depuis les origines de la musique pop un véritable genre en soi : de Simon & Garfunkel aux Kings of Convenience, on y retrouve chaque fois les mêmes ingrédients – des paroles d’une sensibilité particulièrement délicate, associées à des mélodies en forme de montagnes russes, le tout porté par la grâce magique et mélancolique de deux voix douces, jouant sur les nuances de tons et de grains. Quarante ans après Chad & Jeremy, les Américains Ryland Blackinton et Alex Suarez, réunis au sein de This Is Ivy League, règlent à leur tour minutieusement leurs pas sur ceux de leurs grand frères musicaux. Après un premier EP ("London Bridges"), le duo, également membre de Cobra Starship, sort son premier album portant le nom du groupe, enregistré intégralement à la maison, à Brooklyn. La brise estivale qui traverse l’album de bout en bout transforme chacun des morceaux du disque en tubes aussi intemporels qu’irrésistibles. Les acrobaties mélodiques, portées par les guitares acoustiques, nous font ainsi voyager dans l’espace et dans le temps, par un après-midi d’été lumineux, au volant du plus pop des cabriolets : "The Richest Kids in Town" nous ramène ainsi à Glasgow en 1996, au moment où les membres de Belle and Sebastian, morts de peur, jouaient encore dos au public. Plus loin, "Viola" nous replonge aux côtés de Ben Watt, sur North Marine Drive en 1983, alors que "London Bridges", sans doute le tube le plus entêtant de l’album, nous transporte à Oxford en 1967. Ce périple au cœur d’un pan entier de l’histoire de la pop finit magistralement sa course en Suède, patrie adoptive et indétrônable de tous les indie kids du monde depuis plus de dix ans. "Celebration", "A Summer Chill" ou encore "Don’t Waste Your Love on Me" combleront les fans de Jens Lekman et des Acid House Kings, de Pelle Carlberg et des Concretes, ou encore (à quelques kilomètres de là) de Sondre Lerche. On n’a pas fini d’écouter et de réécouter le moindre moment de ce disque parfait, d’en apprendre par cœur les paroles en simulant un jeu de guitare, et de marquer ainsi à jamais ces onze chansons de souvenirs estivaux aussi futiles qu’inoubliables.
Christophe Patris
The Richest Kids in Town
Love is Impossible
London Bridges
Viola
Celebration
An Introduction
A Summer Chill
Modern World
Til the Day
Visions of Tokyo
Don’t Waste Your Love on Me