DEATH CAB FOR CUTIE – Narrow Stairs
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L’album solo de Chris Walla (guitariste et principal compositeur), qui persévérait dans une pop gentillette sans souffle et un peu inutile, m’avait fait me poser pas mal de questions sur l’avenir de Death Cab For Cutie. Le prochain album allait-il continuer de sillonner cette voie facile et un brin fadasse ? Hé bien non. "Narrow Stairs" est assurément l’album prodige pour tous les fans déçus de la complaisance de "Plans", l’album qui surfait sur le succès de "Transatlanticism" avec beaucoup trop de facilité pour le public indé, même si le public à un sens plus élargi avait quant à lui répondu avec enthousiame (Grammy Awards 2005).
Après l’album consensuel (mais néanmoins très correct), qui s’alliait la frange ado, rameutée par l’entremise de nombreuses bandes sons de séries californiennes, voici donc l’album majeur qui ravira presque tout le monde. "Narrow Stairs" n’est pas taillé pour les hits radio, et ne remportera sans doute pas un autre Grammy, mais les membres de DCFC ont dorénavant un public stable qui leurs permet de faire ce qu’ils veulent sans trop se poser de questions sur leurs revenus financiers. C’est quand même drôlement bien joué. On aurait même tendance à croire que Ben Gibbard a tout prévu d’avance, tellement ce profil de carrière semble intelligent.
Au-delà de ce procès d’intention, DCFC s’impose plus que jamais comme une valeur sûre du rock US. Débutant par un sinueux "I Will Possess Your Heart" de huit minutes, les Américains montrent tout de suite la couleur avec un morceau étiré, soutenu par une envoûtante ligne de basse sur lequel Gibbard implore un amour d’une manière plutôt inquiétante. "Narrow Stairs" se poursuit ensuite dans une atmosphère tendrement mélancolique. Revenant à leurs premiers amours noisy slow core sur "Your New Twin Sized Bed" et "Long Division", les Américains retrouvent la candeur des 90’s en y rajoutant toute la maturité pop mélodique qu’ils ont acquise sur leurs récents albums. Ce qui frappe chez DCFC, c’est cette capacité continue à toujours réussir à rester créatifs dans ce terreau mille fois cultivé, en gardant une beauté toujours aussi touchante et attachante. En témoigne le magnifique "Pity and Fear", d’une sensibilité à fleur de peau qui en laissera plus d’un bouche bée et au bord des larmes.
Au final, de nouveaux magnifiques débats interminables en perspective : quel est finalement leur meilleur album, "Narrow Stairs" ou "Transatlanticism"?
Vincent Le Doeuff
A lire également, sur Death Cab for Cutie :
la chronique de « Plans » (2005)
l’interview (2004)
la chronique de « Transatlanticism » (2003)
Bixby Canion Bridge
I Will Possess Your Heart
No Sunlight
Cath
Talking Bird
You Can Do Better Than Me
Grapevine Fires
Your New Twin Sized Bed
Long Division
Pity and Fear
The Ice is Getting Thinner