FERRABY LIONHEART – Catch the Brass Ring
(Nettwerk / RCA) [site] – acheter ce disque
Même si (à notre grande honte), on est beaucoup plus Oasis que Beatles, force est de reconnaître que les quatre de Liverpool valent bien mieux que les frangins mancuniens (les trois autres membres du groupe fêté par Carlos n’ayant aucune espèce d’intérêt). Mais si l’on veut être un peu original, on ne citera pas "Sgt. Pepper’s" (ce que font ceux qui n’ont pas assez d’originalité), ni "Revolver" (ce que font ceux qui ont trop d’originalité, ou qui veulent trop en montrer), pour réaffirmer cette évidence : les Beatles sont le plus grand groupe de tous les temps, ce qui ne se discute pas (et c’est d’ailleurs tout le problème). Non, pour conforter John, Paul, George et Ringo sur la plus haute marche du podium, on se basera sur le double album blanc, et plus particulièrement sur les mauvaises chansons de ce double album, c’est-à-dire sur "Revolution 9" (qui a dit que le rock devait devenir de l’art ?), sur "Ob-La-Di, Ob-La-Da" (qui a dit que le rock devait être drôle ?), et surtout sur "Julia" (qui a dit qu’il fallait chanter pour sa maman ?). C’est déjà un petit exploit de n’écrire que trois mauvaises chansons sur un double album, lorsque la plupart du temps de tels projets contiennent pas loin de trois mauvais disques (ou c’est du moins l’impression qu’ils laissent). Mais c’est encore plus fort que ces mauvaises chansons aient pu être à l’origine de très bons disques d’autres artistes.
Prenez Ferraby Lionheart : son premier album n’aurait certainement pas existé sans la susnommée Julia. En effet, on retrouve tout au long des onze titres de "Catch the Brass Ring" le même caractère doucereux, la même évanescence et, plus troublant, la même voix, que dans la chanson hommage à Mama Lennon. On reconnaît (mais c’est pour les besoins de la thèse) être un peu réducteur : le californien a écouté de façon plus que correcte autre chose que les fab four. On pense notamment beaucoup à Rufus Rainwright sur "Small Planet", mais on reste persuadé, même si son site Myspace ne les cite pas, que les "quatre garçons dans le vent" (c’est fou ce qu’on peut utiliser de synonymes pour les Beatles) demeurent la principale influence de Ferraby Lionheart (c’est fou ce qu’on peut pas utiliser de synonymes pour d’autres que les Beatles). Un disque à posséder donc, pour sa valeur intrinsèque, mais aussi (et surtout), parce qu’il permet d’affirmer (si certains en doutent encore) que les mauvaises chansons des Beatles font de bons albums (cela nous fait mal de le dire) mais on n’est pas sûr de pouvoir dire la même chose des mauvaises – ni mêmes des bonnes – chansons d’Oasis.
Emmanuel Beal
Ballo Della Luna
Small Planet
Vermont Avenue
Call Me the Sea
Car Maker
Bell and Tumble
Under the Texas Sky
Youngest Frankenstein
Before We’re Dead
Octopus and the Ambulance
Put Me in Your Play