JUSTICE – A Cross The Universe (CD+DVD)
(Ed Banger / Because Music) [site] – acheter ce disque
Le DVD est le coeur du projet de Romain Gavras. Après la polémique créée par le clip de "Stress", ce récit imagé de la tournée US de Justice ne risque pas de faire gagner beaucoup de fans au duo électro français. Il n’est pourtant pas dénué d’intérêt, mais il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter tout ce bordel ambiant (passez-moi l’expression). En vrac, on y croise un tour manager (Bouchon) complètement obsédé par les armes, et qui trouve son bonheur dans les armureries que croise le bus de tournée : il y a aussi Roger, conducteur du bus mais aussi philosophe, mécanicien et accessoirement candidat au titre de celui qui aura émis la note la plus basse grâce à ses cordes vocales. Mais on y croise aussi toutes sortes de fans : des hystériques, voire des fétichistes (le type avec ses 2 énormes croix de Justice tatouées est super flippant quand même), mais aussi et surtout des groupies ! Il y en a pour tous les goûts, sauf pour le bon. Qu’est-ce qu’elles peuvent gueuler, minauder, picoler, parfois tout ça à la fois. Sans compter qu’elles sont évidemment peu farouches : on assiste même à une séance surréaliste où Gaspard se marie avec l’une d’elles à Las Vegas, l’air totalement absent, et répétant ce que lui dit le prêtre.
Et évidemment, il y a de petites séquences live, où l’on perçoit la folie qui gagne le public lorsque le duo envoie la musique. Pourtant, à trop vouloir donner un aspect "sex and rock’n’roll" (j’omets volontairement les drogues, car on n’en voit pas du tout) à son film, Romain Gavras en a fait un portrait de deux grands gamins, qui s’éclatent certes en tournée (ils ont le fric, ce qui leur suffit), mais qui sont surtout deux types sans personnalité ou presque, certes pas aussi dérangés que leur tour manager (complètement perché), mais cela achèvera de dégoûter ceux qui ne peuvent blairer le duo. Pris au (au moins) second degré, on arrive à rigoler des situations dans lesquelles se retrouvent les deux musiciens : froidement analysées, celles-ci sont souvent plus navrantes qu’autre chose. Bref, si un nouveau "Spinal Tap" (mais bien réel celui-là) ne vous branche pas, vous feriez aussi bien de passer votre chemin…
Mais Justice n’est pas qu’un nouveau type de rock’n’roll circus, c’est aussi un duo qui fait de la musique, alors il y a un CD, histoire d’entendre quand même ce que produit le groupe, parce que c’est quand même le plus important…Et si je ne gardais pas un grand souvenir de leur prestation en festival à Angoulême, le concert offert ici (enregistré à San Francisco) vaut quand même qu’on y jette une oreille. Toujours fidèle à ses sonorités très agressives, le duo déroule un peu plus d’une heure de pur défouloir technoïde, aux reflets funky ou rock. On y redécouvre avec plaisir "DVNO", un de leurs premiers hits, en version accélérée, "D.A.N.C.E." est scindé en deux parties mais finalement dispensable, et c’est d’autant plus criant à l’écoute des grands morceaux du disque, qui sont à n’en pas douter "Waters of Nazareth" et "Phantom Pt.2". En deux titres, Justice montre le meilleur côté de leur musique, à savoir une techno conçue pour danser mais qui sent le soufre, la rage et déborde de violence : on est bien loin d’un son propre et lisse. On est en permanence agressé par l’ardeur et la multiplication des sons, mais aussi irrémédiablement attiré par la piste de danse…Justice ne fera sans doute jamais l’unanimité, et n’en a clairement pas l’intention : il faut toutefois leur reconnaître un talent certain pour mêler l’énergie et l’image rock à l’efficacité dansante d’une techno qui a su se faire adopter, mais n’en demeure pas moins exigeante et intense.
Mickaël Choisi
A lire également, sur Justice :
la chronique de « » (2007)
Intro
Genesis
Phantom Pt I
Phantom Pt I.5
D.A.N.C.E.
D.A.N.C.E.
Dvno
Waters of Nazareth (Prelude)
Two Minutes to Midnight
Tthhee Ppaarrttyy
Let There Be Lite
Stress
We Are Your Friends (Reprise)
Waters of Nazareth
Phantom Pt Il
Encore
Ny Excuse
Final