THE FRENCH IMPRESSIONISTS – Amelia Rosselli
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The French Impressionists, c’est pour l’essentiel Malcolm Fisher, pianiste et compositeur écossais aujourd’hui quinquagénaire, installé à Milan depuis 1990. Egalement photographe, il réactive de temps à autre son projet musical (dont les premiers enregistrements, auxquels participa la fine fleur du label Postcard, sont sortis en 1981 sur Les Disques du Crépuscule), en s’entourant de divers collaborateurs. Après "Fête" l’année dernière, il revient avec un disque particulièrement épuré, sur lequel il est simplement accompagné de la chanteuse italienne Sara Cicenia (qui s’efface même à intervalles irréguliers pour laisser Fisher improviser seul au piano). Comme le titre l’indique, les morceaux chantés sont des adaptations de la poétesse Amelia Rosselli, née en 1930 et qui s’est donné la mort en 1996, trente ans jour pour jour après le suicide de Sylvia Plath.
Faute de lire l’italien, on ne pourra pas dire grand-chose sur la qualité littéraire des textes (imprimés dans le livret), écrits en 1964 et salués en leur temps par Pasolini. La musique, en revanche, est absolument splendide. Aux notes très déliées, comme suspendues, de Fisher (rappelant parfois Wim Mertens, notamment sur l’instrumental "View"), répond l’interprétation habitée, très expressive, de Cicenia. Le duo sait déjouer la monotonie qui guettait l’entreprise – d’autant que le disque dure pas moins de 76 minutes – en accélérant parfois légèrement le rythme, en jouant sur des dissonances à la Kurt Weill, en ajoutant un peu de synthétiseur ou en superposant les pistes de voix (à la façon de Liz Fraser avec les Cocteau Twins, l’écho en moins). On approche par moments l’intensité de l’un des plus grands albums de jazz en duo piano-voix, le "Newest Sound Around" de Jeanne Lee et Ran Blake (1962). Disque inclassable, à la fois classique et moderne, "Amelia Rosselli" est sans doute l’une des plus belles noces entre musique et poésie depuis les adaptations de Baudelaire par Léo Ferré ou, plus récemment, celles de Verlaine par John Greaves.
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