KASHIWA DAISUKE – 5 Dec.
(Noble Records) [site]
Un an après la parution du merveilleux "Program Music", voici le retour de Kashiwa Daisuke avec son troisième album "5 Dec." Nouvel album, nouveau format ; finies les deux plages d’une demi-heure chacune pour passer à des titres plus courts au nombre de 10.
Pour ceux qui furent transportés par le précédent opus, ce détail a toute son importance.
En effet, fini le crescendo qui s’installait progressivement dans une structure musicale complexe et riche en variations. Cette fois les morceaux sont bien distincts les uns des autres et, dans ce parti pris, réside le problème majeur de ce disque.
On ne trouve aucune cohérence entre les morceaux qui présentent des genres assez variés, de l’électro pure au minimalisme en passant par le bruitisme forcené.
La subtilité qui baignait l’album précédent fait cruellement défaut à celui-ci et la grâce ne touche que de rares morceaux. Les titres "Requiem" et "About Monlight", fort réussis, apparaissent assez similaires dans leur construction/déconstruction aux envolées grandioses du précédent disque.
N’étant pas étranger à l’idée d’évolution et rejetant la stagnation, il est toujours intéressant de voir qu’un artiste veut se diversifier et emmener sa musique vers d’autres territoires.
Mais dans cet album, on assiste plutôt à une régression rendant sur certains morceaux comme "Bogus Music" ou "Black Lie White Lie" ses lettres de noblesse à la techno électro drum’n’bass plate, idiote et répétitive. Et l’introduction de solo de guitare électrique très métallique n’est guère plus heureuse.
D’autres titres s’aventurent sur les champs bruitistes, sans grande inventivité et de manière pesante ("Taurus Prelude" et "Beautiful Sunday").
Subsistent des titres qui font la part belle au piano, en mode minimaliste ("Red Moon") ou plus volontariste et affirmé ("Broken Device", "Aqua Regina") permettant de sauver ce disque en dents de scie.
La déception est d’autant plus grande que l’album précédent symbolisait l’alchimie parfaite entre l’électro Aphex Twinienne et la douceur et la grâce d’un film d’Hayao Miyazaki.
D’où ce regret face à "5 Dec." car on était en droit d’attendre un nouveau diamant rare de cet orfèvre de grand talent qu’est Kashiwa Daisuke. Malheureusement il y a beaucoup trop de zircon dans ce disque.
Xavier
A lire également, sur Kashiwa Daisuke :
la chronique de « Program Music I » (2007)
Red Moon
Requiem
Bogus Music
Taurus Prelude
Black Lie, White Lie
Silver Moon
Broken Device
About Moonlight
Aqua Regia
Beautiful Sunday