THE CLEAN – Mister Pop
(Morr Music / La Baleine) [site] – acheter ce disque
Ils étaient quelques-uns, aux antipodes, à tenter de tirer leur épingle du jeu au coeur des années 80. The Verlaines, the Bats, the JPS Experience, Tall Dwarfs… Tous placés sous l’égide du mythique label Flying Nun. Parmi cette scène fourmillante d’idées en provenance de la Nouvelle-Zélande, The Clean faisait figure de vétéran. Formé en 1978 sous l’égide des frères Hamish et David Kilgour, le groupe distillait une musique punk-pop, ponctuée d’orgues sixties et reposant sur un sens mélodique qui ne demandait qu’à exploser. Quelques albums plus tard et une réputation de groupe culte en bandoulière, le groupe splitte, et David Kilgour nous fait don à cette époque de magnifiques albums solo (tel que le très beau "Here Comes The Cars"). En 2001, The Clean recolle les morceaux, et nous livre le très beau "Getaway". Un nouveau silence s’ensuit puis, en 2008, de nouveaux morceaux sont mis en chantier. Résultat de cette résurrection de fin de décennie, "Mister Pop" nous rappelle en un peu moins de 40 minutes les raisons pour lesquelles POPnews existe. Et nous démontre clairement que le combat n’est pas terminé. De l’instrumental féerique "Loog" au final "All Those Notes", qu’on jurerait sorti de "Before and After Science" d’Eno, The Clean propose de venir se recueillir à l’intérieur de la cathédrale Pop qu’ils ont bâtie.
L’orgue est à lui seul une curiosité : il parvient à sonner à la fois sixties mais en même temps profondément new-wave ; cette particularité trouve sa pleine démonstration sur le splendide instrumental d’ouverture "Loog" et le très pastoral "Simple Fix". The Clean sait rappeler les fondamentaux au bon moment : les Byrds pointent leur nez sur "Are You Really on Drugs ? ", tandis que le groupe livre une déclaration capitale, et partagée par nombre de music-freaks : "In a Dreamlife You Need a Rubber Soul". Des morceaux moins évidents parsèment le disque, tels que "Asleep in a Tunnel" ou "Moonjumper", sorte de transe indienne qu’un orgue floydien tient à bout de bras, tandis que des guitares passées à l’envers et un violon font débarquer l’auditeur sur les rivages du Gange en moins de temps qu’il n’en faut pour réciter son mantra. La new-wave revient au premier plan avec "Tensile", composition up-tempo marquante pour sa basse prééminente et sa voix passée au vocoder. Puis survient le générique de fin : "All Those Notes", morceau qui porte en lui une charge émotionnelle incroyable, alors que la structure du morceau est légère comme le vent. La guitare, approximative et gorgée d’écho, comme celle du "Laura Palmer’s Theme" de "Twin Peaks", rend la magie de ce morceau encore plus fragile mais d’autant plus précieuse. Peu de groupes ont réalisé, ces dernières années, un aussi beau disque de come-back. La nonne volante rôde toujours dans le coin. Qu’elle entre, la porte lui est grand ouverte.
Frédéric Antona
A lire également, sur The Clean :
la chronique de « Anthology » (2003)
la chronique de « Getaway » (2001)
Loog
Are You Really on Drugs?
In a Dreamlife You Need a Rubber Soul
Asleep in a Tunnel
Back in the Day
Moonjumper
Factory Man
Simple Fix
Tensile
All Those Notes