METRIC – Fantasies
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Sorti au début du printemps propulsé par les singles "Gimme Sympathy" et "Help I’m Alive", faisant par suite office de parfaite bande-son de l’été avec sa farandole de dragées sucrées-salées, "Fantasies", quatrième album de Metric résisterait-il à l’épreuve de l’automne ? À en juger par la prestation du groupe lors de la récente édition de Rock en Seine, à voir comment la bande d’Emily Haines transforme une chanson aussi médiocre que "Stadium Love" en roquette incendiaire, on peut supposer que oui. Mais peut-être ce disque sera-t-il également incapable de dissiper les quelques malentendus qui subsistent autour du groupe. Servie par une voix toujours aussi aguicheuse, mais capable – par là même – de mignardises coupables, jouant à mi-chemin de la séduction pop immédiate et de la recherche mélodique, le groupe semble vouloir gagner sur tous les tableaux à la fois. Croyez-la, Emily Haines rêve littéralement de faire l’amour à un stade entier. Pas sûr, malgré l’imposant charisme de la chanteuse, que tout le monde en soit d’accord.
Restent les morceaux et le charme, plus ou moins entêtant, plus ou moins évanescent, qui s’en dégage. Après "Help I’m Alive", bombinette indie proche du calibre de "Dead Disco" mais dont on se lasse malheureusement assez vite, l’album poursuit pied au plancher en enchaînant "Sick Muse" (avec son refrain consensuel logé dans les aigus les plus hauts de la demoiselle), "Satellite Mind", très addictif, jouant astucieusement des accélérations et de la rythmique vocale, avant que ce bien nommé satellite ne place en orbite "Twilight Galaxy", ballade déposée sur un tapis électro seventies : la voix légèrement filtrée d’Emily peut y briller de mille nuances parfois absentes des morceaux plus catchy. Puis vient "Gold Guns Girls", chanson également rentre-dedans et séductrice, rock chromé et superficiel, au refrain indélébile et/ou aux paroles futiles. Une fois passé la collection de tubes certifiés, qui s’achève avec le décollage power pop de "Gimme Sympathy", le groupe a fait l’essentiel du boulot, mais dépose tout de même les délicats "Collect Call" et "Blindness" entre deux morceaux de remplissage. L’unité du disque est un peu difficile à définir, entre refrains accrocheurs et paroles bébêtes ("I want to leave but the world just won’t let me go"), calibrage pop et détails malins de production. Le groupe laisse décidément entendre qu’il est trop habile, sa chanteuse trop sexy, pour ne pas espérer élargir toujours plus son public. Tant qu’ils sortent des disques bien foutus comme celui-là, tout le monde patientera, les aficionados et les allergiques, mais qu’ils ne baissent pas la garde.
David Larre
A lire également, sur Metric :
la chronique de « Live it Out » (2005)
la chronique de « Old World Underground Where are You Now? » (2005)
Help I’m Alive
Sick Muse
Satellite Mind
Twilight Galaxy
Gold Guns Girls
Gimme Sympathy
Collect Call
Front Row
Blindness
Stadium Love