FLORENCE AND THE MACHINE – Lungs
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Beau nom de groupe déjà, comme si la Belle avait troqué sa Bête contre un engin digne d’Echo, la boîte à rythmes des Bunnymen. On écrit groupe, mais tous auront compris à l’écoute qu’il s’agit d’une autodidacte, Florence Welsh, entourée de vrais professionnels dévoués à ses visions – musiciens d’abord (ça sert toujours) et batterie de producteurs, dont Steve Mackey de feu Pulp et l’omniprésent James Ford en mode grosse artillerie. C’est que "Lungs" a beaucoup, trop d’appétit, comme du Bat for Lashes moins babos-mièvre qui lorgnerait d’un côté vers le Magicien d’Oz, de l’autre vers les albums les plus chargés de Kate Bush. Un strabisme divergent qui peut à l’occasion générer une ou deux céphalées tant les chansons de Welsh ont besoin d’amortisseurs solides que toutes les oreilles ne possèdent pas. Son goût pour les refrains à tue-tête, les arrangements pompeux et la harpe sous toutes ses formes ne plaide pas en faveur d’écoutes intégrales et prolongées. Ajoutons à cela un imaginaire sous-burtonien et la coupe se remplit à ras bord. Peut-on raisonnablement accorder foi à une nouvelle venue qui se trouve être le chaînon manquant entre Lily Allen et le Diabolique Barbier de Fleet Street ? C’est pourtant dans cet écart entre grandiloquence gothique et banalité cockney que "Lungs" trouve sa respiration. "Rabbit Heart (Raise It Up)" ressuscite la Grace Slick du carrollien "White Rabbit" et la présente au Tori Amos de "Cornflake Girl" tandis qu’à l’inverse "Kiss With a Fist" découvre une simplicité rock presque garage, riff et solo inclus. Reconnaissons à Florence Welsh le talent de savoir démarrer et clôturer un album. "Dog Days are Over" ouvre le bal avec une sarabande rythmée et entraînante qui augure du meilleur, pourtant relégué en toute fin : "You’ve Got the Love", disco partiellement opérant, sans doute le plus émouvant morceau de ce "Lungs" hyper-ventilé, malgré sa fausse guitare à la Nile Rodgers noyée dans le mix – la preuve certaine qu’il faudra un jour compter avec cette jeune auteur-compositeur. Une fois qu’elle aura dompté sa machine.
Christophe Despaux
Dog Days Are Over
Rabbit Heart (Raise It Up)
I’m Not Calling You a Liar
Kiss With a Fist
Howl
Girl With One Eye
Drumming Song
Between Two Lungs
Cosmic Love
My Boy Builds Coffins
Hurricane Drunk
Blinding
You’ve Got the Love