EARLY DAY MINERS – The Treatment
(Secretly Canadian / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
En l’espace d’une dizaine d’années, ce groupe de Bloomington (Indiana) n’aura cessé de polir des petits galets discographiques dans un paysage indé bien trop indifférent à leur sort. Dommage et tant mieux. Early Day Miners n’est pas ce genre de groupe show-off qui culmine en deux albums et s’essouffle au troisième. Plutôt des mineurs de fond creusant une veine solitaire avec la classe intemporelle des Idaho, Swell ou Spain ! Même si le groupe a su évoluer depuis le post-rock séminal de "Let us Garlands Bring", il faut lui reconnaître une constante, le soin quasi maniaque apporté à la production, l’étirement des chansons et la création de textures sonores fussent-elles slowcore, atmosphériques ou soniques. Après l’album "Offshore" qui constituait sans conteste un sommet dans leur parcours (album à la beauté crépusculaire), comment le père Burton allait-il pourvoir se réinventer ? Et bien tout simplement en jouant de la pop pardi ! Grand bien lui en a pris. Sans renier son style, Early Days Miners accouche avec ce sixième album de son disque le plus accessible à ce jour, truffé de mélodies amples mais catchy qui s’écoutent à pleine puissance, de guitares fuzz vitaminées et d’une production ouatée à mort. Le groupe retrouve le plaisir juvénile de faire de la musique en bande. Et même le plaisir de chanter pour Daniel Burton, plus frontman que jamais, acceptant tout de même qu’une voix féminine vienne s’enrouler autour de la sienne dans un dialogue sensuel. Mieux, il s’amuse à jouer les potaches en nous proposant dès l’ouverture une petite virée nocturne : "we’re going out tonight, won’t you join us ?" Difficile de résister.
Alors le train fonce à vive allure bien calé sur ses rails mélodiques ("In the Fire", "So Slowly" etc.). Une batterie métronomique et une basse sobre, tout en rondeur, soutiennent ce tempo imperturbable. Un peu trop de confort peut-être qui à la fin du disque me ferait presque réprimer un bâillement si le groupe n’avait le réflexe de changer un peu de braquet. L’inquiétant "The Zip" arrive à point nommé pour relancer la machine. Et surtout le beau morceau final, "Silver Oath", chanté d’une grande voix calme par une sibylle imprécatrice. Morceau hélas trop court, donc frustrant, qui confirme qu’Early Day Miners est passé maître dans l’art d’écrire des complaintes de fin du monde (souvenez-vous de "Return to the Native" !). Le vertige des profondeurs, voilà où se terre son vrai talent.
Luc Taramini
A lire également, sur Early Day Miners :
la chronique de « Offshore » (2006)
la chronique de « All Harm Ends Here » (2005)
la chronique de « Jefferson at Rest » (2003)
la chronique de « Let Us Garlands Bring » (2003)
In The Fire
So Slowly
The Surface Of Things
Spaces
How to Fall
The Zip
Becloud
Silver Oath