MOI CAPRICE – We Had Faces Then
(Glorious Records / Rue Stendhal) [site]
Avec un nom pareil, on se dit qu’il est parfois préférable de ne pas s’aventurer dans une langue autre que la sienne pour se donner un nom de groupe. Moi Caprice, comme son nom ne l’indique donc pas, est un groupe originaire du Danemark ayant débuté à la fin des années 90. Elu meilleur groupe danois en 2007 par les Danish Music Awards, il lui fallut attendre la sortie de son troisième opus "The Art of Kissing Properly" (les deux premiers albums étant inédits en France) pour se faire connaître hors de ses frontières. Avec la sortie de "We Had Faces Then", le quatuor, composé de Michael Møller (chant et claviers), David Brunsgard (guitare), Jakob Millung (basse) et Casper Henning Hansen (batterie), poursuit son petit bonhomme de chemin caractérisé par une pop délicate aux accents eighties. Les Danois ont choisi de prolonger leur collaboration avec l’ingénieur du son, Jeff Knowles (Erasure, Guillemots, etc.) qui coproduit l’album, et ont confié le mix à John Goodmanson (Death Cab For Cutie, Blonde Redhead, Nada Surf, etc.). A l’arrivée, ce quatrième album présente onze titres homogènes placés sous le signe d’une pop mélancolique aux arrangements très soignés et remarquablement produits. En dépit du fait que "We Had Faces Then" souffre par moment d’un ton mélancolique un peu trop affecté – les thèmes abordés et la voix parfois geignarde de Michael Møller risquant de faire basculer l’ensemble dans le pathos -, les morceaux coulent tout seuls et s’enchaînent avec une aisance presque déconcertante. Cette fluidité, l’album la doit à un sens indéniable de la mélodie et à de précieux arrangements qui ornent la plupart des morceaux de cordes, de vents et de cuivres. Ajoutant à cela l’utilisation de chœurs (dont ceux de Sophie Sleigh-Johnson, clavier des These New Puritans), Moi Caprice parvient à imposer sa personnalité et sa touche nordique de fort belle manière. En témoignent les très réussis "Rising and Falling Points of Dust", "The Devil Travels Fast" et "Someone Spent His Life With Her" face auxquels le single "Love at Last Sight" fait finalement pâle figure. Pour vous donner une idée du son de ces Danois, prenez le groupe Kent et remplacez la forte influence Radiohead par celle de The House of Love ou toute cette pop anglaise des années 80 qui flirtait avec le mainstream (dont Coldplay est le descendant direct). Au final, "We Had Faces Then", sans être l’album de l’année, mérite qu’on aille au-delà de ce nom de groupe maladroit et qu’on s’arrête sur ce qui demeure une belle curiosité.
Sébastien Jenvrin
A lire également, sur Moi Caprice :
la chronique de « The Art of Kissing Properly » (2008)
Rising and Falling Points of Dust
Love at Last Sight
The Devil Travels Fast
Something Very Clouded
With You and Against Everything
A City Winter
The Same House Seen From All Possible Angles
Someone Spent His Life With Her
We Leave Tonight
Windmills
Postcard Margins