THE XX – XX
(Rough Trade / Beggars) [site] – acheter ce disque
The xx se présente comme une équation à deux inconnues :
a) Par quel miracle des presque adolescents peuvent accoucher d’un disque aussi las et habité ?
b) Par quel non-miracle le premier choix est condamné à y voisiner avec l’anodin ?
En l’absence de réponses, creusons quelques pistes.
The xx fait partie de ces groupes dont l’identité sonore vaut pour signature. Ici, un certain type de "less is more". Le goût des silences et un fréquent usage du staccato font qu’on entend les notes mourir ou se donner une main molle. Pas de batteur qui pèserait et rattacherait à la terre. A la place, beatbox et claviers hypoglycémiés, un xylophone à l’occasion, le tout avec précaution, laissant le principal dialogue à la guitare et la basse doublées par les voix, d’ailleurs remarquables, de leurs instrumentistes. Dialectique de l’eau et du feu, de l’homme et de la femme, du manque et de la non-réconciliation : pour son jeune âge, The xx manie le symbole avec pas mal d’agilité. A l’écoute, cela donne quelque chose comme les Chromatics en acoustique reprenant les Kills, deux groupes qui ont en commun avec eux d’être des maniaques sonores voire sexuels, mais de pêcher un chouïa niveau songwriting.
Arrive ici le nerf de la guerre : "xx" impressionne, mais ne se retient pas forcément dans toutes ses parties. The xx est, on l’a vu, un groupe d’atmosphère et le propre de l’atmosphère est de ressembler au vide, menaçant ici plus d’une fois. Le manque amoureux ou vital – leur grand thème – se communique aux chansons qui parfois au détour d’un pont se trouent ou s’arrêtent net. Seules des accroches solides comme des tuteurs peuvent prévenir cette chute dans le mi-cuit. On touche alors au presque irrésistible à l’image du tiercé gagnant de la seconde face : en 3, "Shelter", soit Tracey Thorn faisant la nique à Alison Statton sur de la soul hébétée ; en 2, "Basic Space", guilleret comme des Arab Strap pro-parité s’amusant d’un petit vin pas trop bibine ; et en 1, "Infinity", possible chanson de l’année avec sa guitare à la Chris Isaak et son refrain à tomber ("I can’t give it up / To someone else’s touch / Because I care so much").
Sur le fond, cette façon, en un disque, d’imposer un son très loin du goût de l’époque rappelle le "Dummy" de Portishead à la fortune que l’on sait. Que The xx marche ou pas dans leurs traces, "xx" restera un jalon de 2009, et peut-être même, aux points, la révélation de cette année assez plan-plan.
Christophe Despaux
Intro
VCR
Crystallised
Islands
Heart Skipped a Beat
Fantasy
Shelter
Basic Space
Infinity
Night Time
Stars