ERIK ARNAUD – L’Armure
(Monopsone / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Il est des retours plus remarqués que d’autres. Dans la jungle de l’industrie musicale, certains s’accrochent, patientent pour revenir doucement vers la lumière. Erik Arnaud fait partie de ceux-là. Huit ans d’attente depuis le dernier album, "Comment je vis", qui était passé relativement inaperçu et ce souvenir d’un premier album personnel et audacieux.
Ce troisième album vient confirmer le goût pour les compositions au format pop, même si les titres ont pris de l’épaisseur depuis "Amerik" grâce à des ambiances plus feutrées ainsi qu’à un travail de mixage remarqué qui donnent au disque un certain relief.
Les maux et les humeurs sont restés les mêmes. Erik Arnaud évolue dans un monde de frustrations, de regrets. Le point de rupture après les humiliations, les découragements, est généralement la source de son inspiration. La fluidité de sa musique dénote souvent avec des textes graves à l’interprétation toujours ouverte pour l’auditeur. C’est cette ambivalence qui peut dérouter, brusquer, jusqu’à rendre, on peut le concevoir, irritante la démarche. Aussi, on ne peut s’empêcher à l’écoute du disque de se demander si Erik Arnaud utilise le troisième degré ou s’il est dans une sincérité exacerbée et autobiographique.
La reprise de Manset "Vies monotones" est ici dans son jardin, même si le titre suivant intitulé "Rocco", l’histoire d’un sosie de Rocard aussi bien membré que l’acteur du même nom, rompt brutalement avec le constat affligeant de complaisance de notre homme caché. Et cela, sans doute, de façon volontaire, nous faisant passer d’une humeur à une autre.
En pleine lumière, les mots se font plus lourds. Certains des protagonistes de l’album, compagnons de route, convives, maris et femmes en prennent pour des années. Dur effectivement d’entendre qu’on emballe comme un cheval, qu’on n’a plus rien faire dans votre cerveau, ou encore que le costume gris, hé bien, il va falloir le porter… longtemps encore.
La véritable originalité du disque réside pourtant autant dans la forme que dans le fond. On a en effet tellement pris l’habitude d’entendre des chansons servant d’étendard à une quelconque revendication ou de pis-aller vers un râle plaintif en forme d’exutoire, que cette approche peut paraitre intéressante, rajoutant encore un peu plus de cynisme et d’éloquence à notre homme qui sur certains titres côtoie l’arrogance et le verbe de Biolay. Ainsi, Erik Arnaud pourra toucher, renverser mais en aucun cas laisser l’auditeur indifférent avec ce beau disque très personnel et pour le moins déstabilisant…
Benoît Crévits
Cheval
Richard Codoba
Nous Sommes
Rue de Parme
Rocco
Abigaël
Nous vieillirons ensemble
Combat
L’armure