HOLLY MIRANDA – The Magician’s Private Library
(4AD / Beggars) [site] – acheter ce disque
Prenez le titre "Listzomania", l’imparable single de Phoenix, enlevez le s et le t, et vous obtenez le syndrome dont souffre David Sitek, producteur côté et membre imposant des TV On The Radio, (groupe dont on cherche toujours l’utilité, mais passons…), autrement dit "Lizomania" qu’on pourrait définir comme suit : "obsession incontrôlable pour le chant d’Elizabeth Fraser et plus largement pour son groupe les Cocteau Twins" (cf White Hinterland). Si la guigne gagnait ce pauvre Sitek, le forçant à produire le nouveau Ophélie Winter "Mon Dieu M’a Dit" ou "Granuleuse/Passion Trop Fort", un split-single Jenifer/Amel Bent, nul doute que Winter, Bent, Jenn sonneraient comme Liz Frazer, rappelons-nous à ce propos l’édifiant "Anywhere I Lay My Head" cette relecture 4AD de Tom Waits par Scarlett Johansson, véhicule superbe mais à peu près inanimé. Toujours se méfier des producteurs à vision panoramique. Holly Miranda, jeune pousse talentueuse, devient un arbre de Noël clinquant et bariolé sous la baguette de l’apprenti sorcier Sitek. Non que le résultat soit indécent, mais le soin maniaque apporté à la fois aux détails et à la vue d’ensemble fait que le disque manque de point de vue. On peut toutefois follement s’embraser pour Holly Miranda sur la foi d’un seul titre, "Joints", qui avance à petits petons façon "Victorialand" avant de chausser des bottes de sept lieues et d’imposer la vision assez grandiose d’un backing-band à saxo Roxy. L’ennui passé à s’infuser le restant de la bibliothèque pourra être combattu à admirer le biseautage pop-rock d’un "Waves" entre Cat Power et Fiona Apple, ou plus sûrement à compter les citations guthriesques : "Slow Burn Treason" et ses échos de guitare vaporeuse sur fond de rythmique "Heaven or Las Vegas", un "No One Just Is" très "Lullabies". Au fond, et là gît le problème, "The Magician’s…" est tellement pensé et ajouré qu’il en devient impersonnel. A son prochain disque, on espère avoir la chance de plus et mieux entendre Holly Miranda.
Christophe Despaux
Forrest Green Oh Forrest Green
Joints
Waves
No One Just Is
Slow Burn Treason
Sweet Dreams
Everytime I Go To Sleep
High Tide
Canvas
Sleep On Fire