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Caribou – Swim

CARIBOU – Swim
(Cooperative Music) [site] – acheter ce disque

CARIBOU - SwimCe cinquième LP ne renie pas la Sainte-Trinité selon Caribou : électronique relativement basique, samples de batteries et rythmes à la guitare, immédiatement reconnaissables, empilés comme les couches d’un mille-feuilles. Le dogme est le dogme et ne change pas d’un iota par rapport aux précédents albums. La première raison de l’étonnement initialement provoqué par "Swim" est qu’il est, bien que plus "dansant", fondamentalement similaire à ses prédécesseurs : Snaith utilise les mêmes instruments et n’a pas réellement diversifié sa palette, ce qui apporte plus de questions que de réponses. Qu’a-t-il voulu réaliser avec ce cinquième disque ? Que cherche-t-il avec autant d’application depuis tant d’années ? Que croit-il pouvoir créer avec ses quelques outils ? Passées les premières écoutes, on se rend compte, à force de chercher une hypothétique révélation dans les recoins les plus obscurs du disque, qu’une partie des réponses à nos interrogations se trouvaient en réalité dans son titre le plus visible, le single "Odessa", autrement dit dès les premières secondes. Oui, Snaith, avec cette chanson antidatée années 80, semble vouloir faire son grand saut en condensant davantage encore ce qui sonnait déjà minimaliste, réduire le spectre jusqu’à ce qu’il ne demeure qu’une raie blanche hypnotique, fascinante, une clarté que l’on parvenait auparavant à apercevoir en éliminant soi-même ce qui pouvait gêner. Les scories balayées, Caribou se montre comme beaucoup rêvaient de l’entendre : limpide, net et toujours dérangé.

La suite n’est pas forcément du même acabit, ni stylistiquement ni qualitativement, mais poursuit vigoureusement l’entreprise, surprenant en retranchant, anticipant ce que l’auditeur compte entendre avant de le désavouer, comme sur "Kaili" où le rythme monte d’effrayants degrés et s’arrête juste au moment de traverser les nuages. Il est dangereux de refaire Babel et Snaith prend plaisir à briser une ascension que l’on croyait pourtant inéluctable. On n’a alors d’autre choix que de revenir quelques minutes en arrière, de se concentrer, de nouveau, sur les premières mesures, et de s’intéresser au développement plutôt qu’à une conclusion qui, dans l’ensemble, n’en a jamais l’allure ni la fonction. Ce jeu constant a pourtant ses limites, ou plutôt, encore une fois, met toujours de nouvelles questions sur la table. Si les titres cités et la monstrueuse transe hippie "Bowls", sommet architectural de l’album, ne laissent planer aucun doute sur la formidable réserve de talent dont dispose encore Snaith, "Swim" demeure problématique. On sent que le jeune homme cherche un point fixe à partir duquel se développer, à conquérir quelque chose de solide et d’évident – on cherche avec lui, parfois on sent à l’unisson, vibrant intensément, d’autres fois on ne comprend plus et ce qui était si flagrant devient mystérieux, voire nébuleux. Mais l’homme est toujours devant, les machines à sa coupe, certains aimeront ces carences, d’autres n’y verront que des failles, que parties inégalement assemblées. La discographie de Snaith est une suite d’épisodes comportant en chacun un twist que l’on ne comprend réellement qu’au suivant. Qui sait ce que l’on en dira au prochain épisode ? Parions que Snaith lui-même est déjà en train de mener l’enquête.

Julian Flacelière

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