KENT – Panorama
(Thoobett / L’autre distribution) [site] – acheter ce disque
C’est la crise. La vie est grise. Et Kent resserre les boulons. L’ambition du magnifique "Homme de Mars", concept-album à la fois disque et bande dessinée, s’était trouvée confrontée à un marché du disque et une appréhension de l’objet musical en pleine mutation et déliquescence. Sans se démonter, Kent partit sur les routes avec son pote Fred Pallem, guitare en bandoulière pour des shows épurés mais portés par la rage de s’en sortir et l’envie d’en découdre. Défendre cet "Homme de Mars" avec les moyens du blues. Guitare, tabouret, et coeur qui se crispe.
De cette expérience de retour aux sources de la chanson, Kent se mit alors en tête de dresser un bilan, mais également de construire un tremplin vers un ailleurs qu’on espère sans nuage. Ce fut l’occasion pour lui de réinterpréter certains de ses titres emblématiques, avec la complicité de copains tous plus doués les uns que les autres : Barbara Carlotti revisite avec Kent son "Tous les mômes" qui, sous des aspects simples, touche avec une infinie finesse la question de la perception par les enfants du monde adulte, et réciproquement. Arthur H rappelle le passé punk-rock de Kent avec un "Betsy Party" réminiscent des années Starshooter, tandis que la grande Suzanne Vega vient susurrer "Juste quelqu’un de bien" à l’oreille d’un auditeur évidemment troublé. Sans même évoquer la prestation de Dominique A sur "Je suis un kilomètre"… Le morceau-clé de l’album reste le très sombre titre éponyme, sonnant à la fois comme une invitation au voyage, mais également comme le testament d’une vie remplie de joies, de peurs et de regrets. Sur une musique signée Calogero, Kent signe un des textes les plus équilibristes et réussis de sa carrière. Du "Metropolitain" à "Inoxydable", en passant par les inédits "Cash" (en hommage au Johnny du même nom) et "Une ville à aimer", c’est l’un des plus talentueux songwriters français qui, sous une forme intimiste, nous transmet son carnet de voyages. Continuer, coûte que coûte. La rage au ventre et des chansons plein la tête.
Frédéric Antona
A lire également, sur Kent :
l’interview (2008)
la chronique de « L’Homme de Mars » (2008)
Une ville à aimer
Un peu de Prévert
Je suis un kilomètre
Panorama
Tous les mômes
Betsy Party
Cash
Léo Song
Au revoir, adieu
Métropolitain
Mois de mai
Reste encore
Des roses et des ronces
Les éléphants
Paroles d’homme
Inoxydable
Congas et maracas
Juste quelqu’un de bien