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Club 8 – The People’s Record

CLUB 8 – The People’s Record
(Labrador Records) [site] – acheter ce disque

CLUB 8 - The People's RecordOn voyait mal comment Johan et Karolina allaient pouvoir surpasser le précédent album de Club 8, "The Boy Who Couldn’t Stop Dreaming", sorti en 2007. Le groupe suédois y atteignait une finesse d’écriture, une évidence pop telle que celle-ci aurait paradoxalement pu se transformer en impasse. Le genre de disques à l’ombre desquels les successeurs feraient toujours pâle figure. Il allait falloir surprendre, inventer une nouvelle forme de rêve, oser le grand écart.

Exit, donc, la fragilité et les chansons murmurées au coin du feu : "The People’s Record" est un disque porté haut et fort en étendard. "Western Hospitality" ouvre le (carna-)bal avec un riff enivrant de guitare porté par des choeurs flower power (version Big Bazar). Comme sur "Isn’t That Great?", les percussions brésiliennes, découvertes lors de leur dernière tournée au pays de Jobim, se confrontent aux cascades de mélodies dont seuls les suédois sont aujourd’hui capables. Car si ce disque est bel et bien celui de l’expatriation au Brésil, "The People’s Record" n’en reste pas moins essentiellement un disque scandinave. Le cynisme ("Dancing With the Mentally Ill", "We’re All Going to Die") assombrit cette béatitude apparente, et l’énergie positive omniprésente n’est ici qu’un masque qui, au lieu de la dissimuler, semble plutôt révéler la tristesse ancrée au cœur de chacune des chansons. Et si à la première écoute ce magma énergique et sirupeux apparaît plus comme une meringue difficile à digérer, il faut prendre le temps de détricoter chacun des titres. "Like Me" évoque le spectre poisseux de la Lambada (débarrassée de son immonde étiquette Orangina, l’ancien tube de l’été est à redécouvrir comme un classique de mélancolie). Même "Back to A", qui sonne pourtant comme un "classique pur jus" du groupe, parvient à étonner, comme si les tourtereaux suédois chaussaient les sandales en cuir de Vampire Weekend et entamaient une course relais avec leurs compatriotes JJ. "Shape Up!" et "Be Mad, Get Ill, Be Still" sont quant à eux les tubes les plus évidents de l’album, ceux qui aident à sortir du lit le matin et qui empêchent de s’y replonger trop tôt le soir.

Passé l’effet de surprise, ce nouvel album ne dénature pourtant pas vraiment d’avec les précédents. Club 8 n’a jamais caché son amour pour la bossa nova et en a d’ailleurs largement exploité son pendant "easy listening". Mais c’est oublier que la bossa est avant tout un rythme populaire de carnaval, une musique tribale sur laquelle s’est un jour posée une autre voix d’ange, celle de João Gilberto. En Orphée et Eurydice du vingt-et-unième siècle, Johan Angergård et Karolina Komstedt n’ont fait que remonter un peu plus loin à la source.

Christophe Patris

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Western Hospitality
Isn’t That Great?
Shape Up!
Dancing With the Mentally Ill
My Pessimistic Heart
Back to A
Like Me
Be Mad, Get Ill, Be Still

 

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