PERFUME GENIUS – Learning
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Dans le genre garçon écorché et "sensible", Antony Hegarty, et dans une moindre mesure, Chris Garneau, ont pris les devants, et ce n’est pas faire offense à Mike Hadreas (aka Perfume Genius) de mentionner qu’il rappelle le premier par sa densité émotionnelle (tenant moins exclusivement à la voix, fragile, qu’à son indéniable accord avec le dénuement instrumental des morceaux) et le second par la manière dont il signe des vignettes pianistiques aussi minimalistes que tourmentées. Mais il y a sur cette première production (une galette de trente minutes certifiée home-made) un "je ne sais quoi", à la fois entêtant et prometteur, qui attache l’auditeur en lui permettant de dépasser ces références. Au-delà du caractère désolé et lo-fi des compositions, de la sincérité d’une écriture qui semble tenir de la catharsis, il émane de ces compositions bancales, de ces lignes mélodiques frustes, et de ces tentatives d’effets (voix noyée et réverbérée, fins de morceaux distordues et erratiques) un charme désolé qui pourrait ravir aussi bien les fans de Bonnie ‘Prince’ Billy, de Vashti Bunyan ou de Mark Hollis. La dimension immédiatement émotionnelle et noire du propos (solitude, désamour et suicide) semble par ailleurs justement située, loin de toute grandiloquence ou de tout apitoiement, et les lignes de piano faussement sautillantes font pas mal pour alléger la tension en la soulignant par contraste ; cette sincérité est peut-être ce qui justifie l’impression de ne pas sortir tout à fait indemne de ce disque blême et pourtant vibrant.
David Larre
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