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Return to Paradise, A History of Exotica

Return To Paradise, A History Of Exotica
(El Records / Cherry Red) – acheter ce disque

V/A - Return To Paradise, A History Of ExoticaIl faudra un jour trouver un mot français pour définir le concept d’ « escapism ». L’ « escapism » ce serait des voyages immobiles, des paysages idéalisés et une bonne dose d’exotisme. S’échapper d’un quotidien anxiogène en fantasmant si fort un lieu et un sol probablement jamais foulé que l’on finirait par s’y croire. Ce serait rêver de l’Italie de la Dolce Vita en faisant mine d’omettre ce qu’elle est devenue réellement. Aux Etats-Unis, au début des années 50, c’est se projeter en aventurier ethnologue parti à la découverte de contrées inexplorées, tout en ne quittant pas le confort de son charmant pavillon de banlieue bientôt équipé de toute sorte d’additif électroménager. L’exotica, ce genre musical au contour flou qui amalgame harmonieusement musique classique, pop, jazz et « rythme du monde », s’impose à l’époque comme la bande-son de cette échappée belle. Les notes de pochette accompagnant « Return To Paradise » viennent d’ailleurs nous le confirmer : l’exotica n’est rien de moins que pur « escapism ». Un style de musique vivace pour auditeurs voulant se perdre dans des lieux imaginaires. « Une combinaison mystique de sonorité orientales, africaines et latines agrémentée d’échos naturels provenant de la mer, du ciel et de la forêt ».

Après les rééditions aux petits oignons des albums de Les Baxter (« The Fruit Of Dreams », « Space Escapade »), le légendaire label El Records, qui entreprend depuis plusieurs années un impeccable travail d’exhumation des trésors cachés de l’easy listening, a donc décidé de compiler quelques raretés de la musique exotique occidentale des fifties.
Alors bien sûr aujourd’hui la donne n’est plus la même : Google Maps vous emmène en un clic jusqu’au fin fond du Vanuatu et les terres qui demeuraient jusqu’alors inconnues ne le sont plus vraiment depuis que Frédéric Lopez y trimballe Gilbert Montagné. Ainsi, si l’invitation au voyage est moins saisissante qu’autrefois, reste la musique. Et quelle musique ! Des cordes délicieusement classieuses du « parrain de l’exotica » Les Baxter (« Quiet Village ») aux climats ensorcelants de Frank Hunter (« Strange Echoes ») en passant par la jungle luxuriante du célèbre Martin Denny (« Coronation »), le voyage se fait sans accroc.

L’eau qui coule dans ce jardin d’Eden est claire et jamais troublée, l’exotica s’apparente à une balade en barque jamais chancelante, toujours charmante. Pas question ici de se jeter dans le fleuve aux crocodiles ni de se risquer à poser les pieds sur des terres hypothétiquement hostiles. Un peu trop élégante, forcement aseptisée, cette musique de l’ailleurs vu sous le prisme déformant de la culture naissante de l’entertainment américain ne manquera pas d’en agacer certains, ceux là même qui tiennent encore l’easy listening comme simple bande-son pour cafés branchés. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent.

Rémi Mistry

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Xavier Cugat : Jungle Flute
Les Baxter : Quiet Village
Les Baxter : Mozambique
Les Baxter : Pool of Love
Yma Sumac : Taita Inty (Virgin of the Sun God)
Robert Drasnin : Chant of the Moon
Robert Drasnin : Orinco
Robert Drasnin : You
Martin Denny : Coronation
Martin Denny : Jungle Madness
Martin Denny : When First I Love
Arthur Lyman : Bwana A
Arthur Lyman : Busy Port
Frank Hunter And His Orchestra : Strange Echoes
Frank Hunter And His Orchestra : Temple Bells
Gene Rains : Lotus Land
Tak Shindo : Mwanza Market Place
Tak Shindo : N’ga
Tak Shindo : The Maiden
The John Mcfarland Sextet : Summer Storm
The John Mcfarland Sextet : Watusi
The Chico Hamilton Quintet : Bali Ha’i
The Markko Polo Adventurers : Mountain High, Valley Low
Stanley Wilson : Zulu Love Magic
Paul Conrad : Paradise
Korla Pandit : Kashmiri Love Song

 

 

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