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1=0 – Sec

1=0 – Sec
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1=0 - Sec1=0 défie les mathématiques et la philosophie ! 1=0 sort enfin son album  »Sec » après trois ans d’attente et on peut enfin écouter la chanson rétro-prophétique  »2008 » comme une réalisation-projection de nos pires peurs futures toujours à venir.

Cet album est une énorme claque dans la gueule du rock français. Bien sûr ceux qui pleurent les récemment officiellement défunts  »Noir Dez » rentreraient chez maman fissa s’ils tombaient sur ce brûlot noirnoirnoir. Quant aux autres, ceux qui attendent le retour de Diabologum, ils seront ravis. Si on doit chercher une filiation, il s’agirait plutôt de la fusion d’Expérience et de Programme. Pas moins que ça !

Souvenons-nous de la gangue brute de  »Atcha » sur la compil CQFD 2004. On retrouve d’ailleurs ce titre sur l’album, une des plus incroyables chansons entendues pendant les années 2000, avec une boîte à rythmes dégueu et une flûte improbable, ici magnifiée par une production adéquate et une attention mise sur la voix permettant d’écouter des trucs aussi savoureux que :  »Hanté par le cul de celle qu’il aurait fallu mais on va dire qu’c’est à son emploi du temps qu’la gueule n’est pas revenue. Celle pour qui ‘l aurait fait qu’une boucherie d’la poésie avec des j’t’aime comme un malade amoureux d’sa maladie. Toi et moi baby, c’est du Dostoievski. Malade d’aimer sa maladie. Toi et moi baby, c’est l’Coran mal écrit et ça va mal, ça va mal, ça va ? ».

1=0 a décrit sa musique comme du  »noise toolien avec des textes pré-socratiques ». Je trouve plutôt qu’il faut chercher du côté de Joyce pour la logorrhée intérieure car les textes d’Olivier Briand aka Salima Tej sont des épopées intimes effrayantes et jouissives.  »Le Produit » est une véritable dissection poétique, renvoyant Dominique A à ses chères études :
 »Wow, t’sais qui j’suis ? Une garce dans ton genre, tu sais où ça finit ? A mettre en scène des prolétaires en joie dans leur être, ouais. Tais-toi, j’te parle pas à toi mais au produit. Wow, t’sais qui j’suis ? Une garce dans ton genre, tu sais où ça finit ? Dans les problèmes et les solutions, tout ça. Tais-toi. J’te parle pas à toi mais au produit ».
Puis ça continue dans le genre :  » Vrai, tu t’es faite forcer. T’en a parlé qu’cinq fois mais t’as construit sept couples avec ça. Ça en fait des occas’ où ta sensibilité te dit des choses. On t’raisonne, tu t’répètes et ça t’fait une schiz’. Attends, tu t’fous d’la gueule de qui là ? Tu comptes m’embrouiller encore longtemps ? C’est une une éponge que tu veux ? Elles sont où tes marques. Grognasse-obèse. »

Il y a aussi les prévisions et autres regards sur la société :
 »Chaque époque, c’est comme un fille agenouillée et celle-là faudra la farcir de caresses si tu veux qu’elle te serve bien », toujours dans le  »Le Produit » ou sur la non-bien nommée  »2008 ». :
 »Dans une gare trois citoyennes attendent et attendront qu’on vienne les protéger. Voilà l’égalité : tous clochards ou délinquants. Faux prophètes, gueules trouées qui s’ jettent dans des combats de bites. T’as vu, avec des mots c’est facile de remplir un ventre. Avec les mômes, les parents font des factions. Une comète, l’effondrement de l’économie, le nucléaire p’t être. On verra ça en 2008. »

C’est assez difficile de décrire le chant de 1=0 qui doit autant au rock et au slam qu’au rap mais qui ne ressemble à rien d’entendu avant en France (ou ailleurs) tant son phrasé est personnel et colle au texte comme un chewing-gum caoutchouteux, sucré et acide à la fois. Il faut l’entendre chanter, gueuler, accélérer :
 »Ya un truc cheul’ qui pousse le couple au r’pli. Voyage tant qu’tu veux mais ça t’rattrapera. Et il fuit la lumière qui chauffe les filles précoces. C’qu’suis c’est tout c’que j’ai. Pitié, viens baiser ma force. Je suis venu te dire que je regrette… de n’pas t’avoir craché d’ssus le soir de ton apothéose. Ya plein d’aut’ darons qui font com’ moi et tout le monde s’fout d’leur gueule. On est des enfants de brouillons et on r’f’ra pareil seul. T’es sur scène, la bouche ouverte et ya personne qui percute. Hey ! T’sais comment on appelle ça faire chanter une vieille….? mmmmmh ! »

Pour servir ces textes, un rock tendu comme un poing dans ta gueule, avec une batterie tout en contre-temps, des guitares en fusion, voire balalaïkas métalliques sur  »Sergeï ». Il y a mêmes des titres émos-rances-romatiques comme  »Chienne » :  »Vas-y explique moi c’qu’c’est qu’la loose. Vu qu’quand tu parles les selles des classes moyennes bougent. Vu qu’t’es un condensé d’la force des masses, de l’âge d’or passé et du coeur sans place. Les prunelles éteintes et les traits durcis. Chacun de ceux qu’je connais est esclave à vie. Si y avait un Dieu et des pécheurs, j’irais au pieu la joie au coeur. » Belle bluette, non ?

Pas encore convaincus ? 1=0, c’est peut être ce qui est arrivé de mieux au rock chanté en français depuis 10 ans ! Ils ont mis 3 ans à sortir cet album énorme et il vous le faut MAINTENANT. J’oubliais, il y a aussi une très bonne reprise de Chokebore à la fin.

1=0  »C’est ce qui reste quand chaque point de vue a échoué, c’est du  »rock sans terre, du rock  »pote marié », que tu l’aies ou pas à payer, c’est du rock qui guérit l’cancer » ( »Rock sans »). Wow !

Guillaume DELCOURT

2008
Paysan
Rock Sans
Sergeï
Atcha
Chienne
Produit
Bleus
Nothing Flows

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