DEERHOOF – Deerhoof Vs Evil
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Deerhoof s’attaque au Mal, et nous, on se tient sur les rangs, en observateurs-auditeurs réjouis, heureux pour une fois d’être dans le camp du Bien.
Après une dizaine d’albums, le groupe garde la même folie, le goût pour les mélodies aventureuses, les collages, les mélanges d’ambiances, bref, cet espèce de bricolage de popeux érudits qui aiment toujours jouer ensemble et de tout.
»Qui dorm, només somia », chanson… en catalán et parfaite ouverture, reprend les choses là où Deerhoof les avait laissées pour nous, soient sur les traces des musiciens tradi-modernes du Congo (cf l’album hommage « Tradi-Mods vs Rockers« ) : rythmes dans tous les sens, percussions à gogo, piano à pouces. Puis la chanson et l’album évoluent vers du Deerhoof »traditionnel », c’est à dire foutraque et jouissif avec ses guitares maltraitées et/ou élégiaques, claviers cinglés, batterie puissante et dansante (très dansante). Les arrangements y sont toujours subtils : les petites boîtes à musique sur le premier titre, par exemple, ou les effets drolatiques sur les percussions de »Behold a Marvel in the Darkness ».
Tous les membres auraient mis la main à la patte sur ce disque, passant volontiers derrière les fûts, pour trouver d’autres pistes percussives, et ayant recours, plus qu’à leur habitude, aux collages et assemblages divers. »No one asked to dance » débute comme une espagnolade et se prolonge avec des claviers glacés qui pourraient faire penser à du Broadcast ou du Stereolab.
Parmi les tubes potentiels, on trouvera le math-pop de mauvais élèves, »The Merry Barracks », »Super Duper Rescue heads ! » entre Konono pur jus de bissap (tout en likembés/caisse claire) et claviers vintage et »I did crimes for you » dont la basse devient au fil de la chanson de plus en plus menaçante. La palme revient à »Secret Mobilization », porté par une rythmique binaire, et qui, tel un chemin de croix rock, va de station en station, des claviers répétitifs électro-pop vers un pont presque disco, en passant par une élévation pop portée par les choeurs célestes de Satomi et finit dans un déluge de grosses guitares comme du Anvil lo-fi ! Ouf, on a cru que Deerhoof n’était plus là pour rigoler !
»Deerhoof vs Evil » est un album immédiatement attachant, très intéressant, fusion (dans le bon sens du terme) et, redisons-le encore une fois, extrêmement dansant. Que demander de plus ?
Deerhoof vs Evil : le mal n’a qu’a bien se tenir !
Guillaume Delcourt
A lire également, sur Deerhoof :
la chronique de « Friend Opportunity » (2007)
Qui dorm, només somia
Behold a Marvel in the Darkness
The Merry Barracks
No One Asked to Dance
Let’s Dance the Jet
Super Duper Rescue Heads !
Must Fight Current
Secret Mobilization
Hey I Can
C’moon
I Did Crimes for You
Almost Everyone, Almost Always