Vincent Bestaven aka Botibol est un garçon sympathique, originaire de Bordeaux. Sur scène, le bonhomme est presque seul, accompagné d’un batteur qui le suit dans ses pérégrinations acoustiques, et d’un loop studio avec qui il copine studieusement.
Sur l’album, c’est pareil, Vincent, solitaire, s’amuse à dessiner de jolis puzzles avec des pièces qu’il dégote par-ci par-là chez des artistes qui l’inspirent manifestement. La première impression est donc la suivante : c’est propret et bien produit, mais j’ai déjà entendu ça mille fois… Donc, pas très original… Mais, à qui me fait-il penser ? Il y a du Justin Vernon (Bon Iver) (« Dancers »…) dans cette mélancolie vocale, parfois un peu de Chris Martin (Coldplay), aussi ; dans certains recoins plus obscurs, l’ombre de Patrick Watson pointe le bout du nez ; d’autres échappées font penser à Arcade Fire (« Friends »), voire à Bloc Party – en très soft (« We Were Foxes ») ; bref, à l’instar de la jaquette, ça fait beaucoup de couleurs pour un même tableau, et au milieu de tous ces reliefs, on perd un peu le fil ; faut-il en découdre ou s’y accrocher et se laisser balader ? Brouilleur de pistes ou artiste en manque d’identité ? Ma réponse : peu importe ; les écoutes successives estompent le questionnement et recentrent l’attention sur ce qui compte vraiment, à savoir la qualité de la musique et les sensations qu’elle procure, et sur ce point, il n’y a pas de doute, ce premier album annonce la naissance d’un artiste très talentueux qui fait de la vraie musique pleine d’instants uniques – chipés à personne, donc.
« Walk Slowly » – qui porte fort bien son nom – ouvre l’opus fébrilement ; Vincent tâtonne honorablement, mais ne brille pas ; puis, progressivement, l’univers de Botibol s’installe , je dirais à partir de cette voix de tête qui répond à la voix grave de l’entame de « Jo Cowboy ». Une fois la pompe amorcée, on sent l’homme, gonflé à bloc, bien aise de nous balancer ses mélodies entêtantes souvent chaloupées, parfois mélancoliques. Son credo : l’entre folk et pop ; ses ingrédients préférés : des nuées de glockenspiel et des choeurs spectraux.
Certes, Botibol n’a pas réinventé la roue, mais il pédale si bien qu’on prend vite un réel plaisir à s’abandonner à sa course. En résumé : un premier essai réussi. À suivre !