Depuis ses débuts, Low nous avait tellement habitués à des virages décisifs (même en douceur) que l’on est presque surpris de l’absence de changement sur « C’mon », dernière livraison en date des grands manitous du slowcore. Petit retour en arrière : à ses débuts Low sort une trilogie qui met en place les fondations du genre, à base de silences, de reverb, et de voix aériennes, sur des instruments rock. D’entrée, en 1994, le groupe marque la rupture avec l’époque, sur les cendres encore fumantes du grunge ; ce n’est qu’ensuite que Low densifiera plus ou moins le son, tantôt à coups de grosses guitares, comme sur « The Great Destroyer », tantôt en expérimentant complètement sur le choix des instruments. Bref, on eut droit à la révolution, puis à l’évolution.
« I Could Live in Hope » fut à l’époque une belle claque ; mais il faut bien avouer que si Low est un très grand groupe, c’est aussi parce qu’ils ont toujours su évoluer. A ce titre, « Drums and Guns », l’album précédent, accueilli un peu mollement (même chez nous…), est un modèle de renouvellement, hautement enthousiasmant, même après quatre ans d’écoute assidue. Sur cet attendu « C’mon » c’est sans doute la première fois que je sens le groupe marquer légèrement le pas, exploitant leur vocabulaire familier plutôt qu’explorant des rives peu foulées, même si c’est sans doute le seul reproche que l’on puisse adresser au disque.
Et même, du coup, le groupe offre un beau condensé de ce qu’ils maîtrisent à merveille depuis maintenant dix ans – en gros, depuis « Things We Lost in the Fire » : la maîtrise sonore, les duos de voix, la lenteur, et, parfois les guitares épaisses. Cela donne quelques impressions de déjà entendu sur les première écoutes, et de grandes satisfactions ensuite : l’intro d’ « Especially Me » annonce sombrement une montée en puissance de la voix appuyée de Mimie Parker, enrobée de violon, « Done » s’abandonne à une ferveur mystique, quand « Something’s Turning Over » conclut l’album sur une ballade relevée. Même si des titres plus sobres comme « $20 » ou « Nightingale » sentent un peu le réchauffé, on entend le plus souvent sur « C’mon » un retour à la lenteur ample (sur « Majesty/Magic »), et à la torpeur lancinante, électrique (sur « Nothing But Heart »), qui habillaient les premiers albums, et qui n’ont rien perdu de leur superbe.
Enregistré dans l’ancienne église de Duluth qui avait servi de studio pour « Trust » (2002), « C’mon », oeuvre aérienne et hantée, restera sans doute comme un album de la continuité pour Low – mais offre d’émouvantes réminiscences, et quelques belles échappées.
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