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Disques

Julianna Barwick – The Magic Place

Julianna Barwick - The Magic Place

La musique de Julianna Barwick est d’une simplicité enfantine : des voix, des voix, des voix s’accumulant, se superposant, s’entrelaçant, toutes déroulant des amorces de mélodies répétées jusqu’à l’obsession, avant que vers la fin – mais parfois dès le début – un instrument généralement solitaire (piano, guitare, orgue asthmatique) emporte tout ça vers un fade-out qui clôt l’envolée. Des presque ritournelles sans mots apparents au service d’un sentiment d’extase que Barwick décline avec d’infimes variantes.
Magistrale sur le EP précédent (« Florine »), la formule accuse un peu la lassitude ; le piano frise notamment une componction mignonnette. Pourtant, cet endroit magique a un atout décisif dans son sac d’herbes vertes sous une pochette « le vent souffle où il veut » : « Envelop » qui entame et écrase tout le reste, déjà l’un des grands morceaux de l’année. 

C’est que Julianna Barwick, cousine proche de Grouper, est la meilleure élève de Liz Frazer période Victorialand (« Keep Up the Good Work ») et qu’elle l’égale même sur « Envelop », un quasi-chef-d’œuvre réminiscent du remix génial que les Cocteau Twins avaient fait de leur « Cherry Coloured-Funk » (au bas mot, l’un de leurs cinq plus beaux morceaux). Le lecteur assidu s’étonnera de ces superlatifs gigognes, mais pour une fois, on est baba. « Envelop » apparaît comme la quintessence du style de Barwick, alors qu’il est légèrement différent de par l’usage des basses masculines. L’inquiétude souterraine qui s’y exprime et que va combattre le restant du disque en fait un moment à part. On y sent ressac, roulis, et l’élévation des chœurs ressemble plus à la dérive d’un naufragé sur une mer grise à ciel de plomb qu’à l’expression d’une foi vibrante. L’impression est si forte en tout cas, qu’elle efface l’agacement ultérieur devant certaines plages Sainte-Thérèse d’Avila ou ce « Bob In the Gait », indé-fade comme une Marissa Nadler enchifrenée, seul morceau à oser la formule du groupe.
Après le dernier album de Low, sublimé par un seul morceau « Nightingale » qui donnait un coup de jeune (ou de vieux) au « Harvest Moon » de Neil Young, encore un disque-solitaire comme on dit de certains diamants. Il n’en brille que mieux.

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