Damned. Moi qui croyais avoir déniché la toute dernière nouveauté du prolifique Buck 65, sur la table de merchandising du Nouveau Casino ce soir-là… Il faut se rendre à l’évidence, qui n’aurait sans doute pas échappé au puriste, le EP qu’est « Porch » est sorti depuis plus de quatre ans maintenant. Woops.
Il faut dire que, si on vous a déjà maintes fois parlé de Buck 65 chez POPnews, c’est d’habitude plutôt l’oeuvre de notre éminent spécialiste du hip et du hop, Sylvain. Car il est vrai que Buck 65 c’est du rap, il paraît. Une fois n’est pas coutume c’est donc un relatif néophyte qui vous parlera d’une pointure du genre. Tout simplement parce que Buck 65, c’est pas du rap. Ou du moins pas que. En tout cas pas sur cet EP assez magique qui va plus chercher du côté de la country qu’autre chose, et dont les premières mesures sonnent vraiment comme du Johnny Cash. C’est là l’influence plus que probable de John Zytaruk, compatriote canadien, plus connu (si l’on peut dire) pour ses travaux de production auprès de divers artistes folk locaux et avec lequel notre inventif hiphopiste collabore ici. Sous le timbre de Buck 65, peut-être encore plus grave qu’à l’accoutumée, ce sont donc banjo, mandoline, guitare slide et arpèges acoustiques qui tapissent les chansons de leurs pincements. Evidemment, on ne peut guère s’étonner de voir le rappeur canadien s’acoquiner de la sorte avec une instrumentation beaucoup plus traditionnelle que de coutume. D’abord parce que le sens de l’exploration, la curiosité musicale lui ont toujours valu des collaborations de bric et de broc avec moult artistes d’horizons certainement plus lointains que les cieux urbains auxquels pourrait le restreindre son flow. Ce dont a pu témoigner le plus récent (et très chouette) 20 Odd Years. Ensuite, parce que ce côté terrien, on le sent à plein nez depuis Talkin’ Honky Blues, dont est ici extrait et métamorphosé le tube « Wicked and Weird », qui déjà fleurait bon la simplicité rustique et l’air de la campagne, dans son acoutrement original. Que Buck 65 ait décidé d’en faire la règle à suivre sur ces cinq morceaux épurés, c’est bien entendu trop classe pour qu’on ait sujet à s’en plaindre. On applaudit même des deux mains.
J’aurais aimé, je dois bien l’avouer, terminer cette chronique en vantant la prolixité exemplaire du bougre et en faisant des plans sur la comète à propos des vingt prochaines années qui l’attendent. Evidemment tout ça a eu lieu il y a quatre ans, alors ça n’a guère de sens en 2011. Mais dans le fond on s’en fout. Qu’il soit d’aujourd’hui ou d’hier, qu’on soit puriste ou amateur du dimanche, Buck 65 n’a sans doute pas fini de nous épater. Et c’est ça qui compte.