Je l’avoue : je n’étais pas convaincu par le tournant pop d’Okkervil River qui a suivi ce sommet de punk folk (comme ils disent) qu’est « Black Sheep Boy ». Pourtant, j’adore « I am very far » qui en est à la fois très loin… et très proche. La voix est toujours lyrique, habitée, bien mise en valeur par une légère réverbération mais ce qui choque et réjouit est la production toujours en équilibre : une prise presque live pour la voix et la guitare, une batterie sèche quasi chirurgicale, des ornementations orchestrales folles (cordes, cuivres… bois !!), un esprit pop 80ies qui flotte sur tout cela.
Ce collage forme néanmoins un tout cohérent et pousse des titres comme « Piratess » du dance floor plombé curiste vers l’épiphanie sunshine pop, le tout en moins de quatre minutes.
Okkervil River maîtrise donc maintenant le grand écart entre le folk des débuts de « Rider » et l’envolée pop entre batterie quasi synthétique et rehauts de bois (clarinettes et hautbois se roulent des pelles) sur « Lay of the Last Survivor ».
On les savait imparables en mélodies et engagement, nous les découvrons en pleine possession de leurs moyens d’arrangeurs et pleins d’audace sur chaque chanson (les chœurs Paul Simonien sur « Your Past Life As A Blast », le break bad trip Pink Floydien sur « The Rise », les sons dérangeants sur l’intro d’un titre pseudo Chris Isaakien, le lent et tubesque « Show Yourself »).
Okkervil River continue son ascension et on lui souhaite d’aller loin.