Au moment où les Fleet Foxes règnent de nouveau en maîtres sur la planète folk à la faveur d’un deuxième album prodigieux, on assiste également au retour – beaucoup moins médiatisé – des Anglais de The Leisure Society. On avait découvert le septuor il y a deux ans avec « The Sleeper », un beau disque de folk-pop académique, dont on avait surtout retenu une chanson faramineuse : « The Last of the Melting Snow ». Une ballade touchée par la grâce, moment d’éternité gravé par un groupe hélas incapable de maintenir son écriture à une telle altitude sur toute la longueur d’un galop d’essai pourtant prometteur.
L’écoute de ce deuxième long format révèle un groupe en pleine possession de ses moyens, et à l’inspiration désormais constante. Toujours aussi finement orchestrée, la musique des Londoniens prend aujourd’hui une ampleur insoupçonnée, dépassant l’exercice de style un peu vain auquel on la croyait condamnée. Chrysalide devenue papillon, la formation emmenée par Nick Hemming prend son envol et se positionne à présent comme le lien parfait entre l’élégance naturelle de la pop britannique et la ferveur du folk américain.
Tour à tour recueillies (« Our Hearts Burn like Damp Matches », « Although We All Are Lost ») et délicieusement euphoriques (« Better Written Off »), les chansons d’« Into the Murky Water » dégagent un parfum d’intemporalité propre aux classiques du genre. « You Could Keep Me Talking » ou le single « This Phantom Life » parleront aux amateurs des Shins, autres artisans de cette pop transatlantique qui ont su façonner leur art délicat aux fil des années. Un art que The Leisure Society maîtrise dorénavant à merveille, à l’image de « Dust on the Dancefloor« , chevauchée fantastique qui pourrait condamner Belle & Sebastian à prendre une retraite anticipée. Que l’on se rassure, la relève est assurée.